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Mercredi 23 juillet 2008

Il est à peine 4 h du matin lorsque je fais surface. J'ai largement le temps de préparer le petit déjeuner pour tous les clients du refuge. N'écoutant que mon courage, je me rendors !
Vers 6 h, les deux grands gaillards sont les premiers à quitter discrètement le dortoir. Un quart d'heure plus tard, nous les imitons laissant encore dans leur sommeil, nos compagnons belges.
Le petit déjeuner est très copieux. Le nom de Bonatti inscrit sur le papier qui enveloppe les sucres nous fait sourire. Avec toute cette pub, il doit toucher des dividendes. Rien d' étonnant qu'il monte maintenant au refuge en hélicoptère comme nous l'a dit notre compagnon de soirée savoyard.

Surprise au moment de récupérer les pique-nique de la journée. Ceux-ci me sont apportés sur deux plateaux repas sans la moindre poche pour les emporter. C'est sans doute une façon d'éviter que les poches soient jetés n'importe où dans la montagne. Après avoir tout transféré dans de petits sacs poubelle que nous avons toujours en réserve, il est 7 h 30 lorsque nous mettons la machine en marche.
Bien que le ciel soit totalement dégagé, le soleil reste encore caché derrière la montagne. Malgré la faible luminosité, nous prenons une dernière photo du refuge.

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Le refuge Bonatti entre dans la catégorie des refuges modernes devenus plus confortables du fait de l'exigence des randonneurs mais aussi des normes de sécurité de plus en plus contraignantes. Très facile d'accès, c'est une véritable fourmilière ce qui le fait ressembler aux grands hôtels des stations de skis. Toutefois, l'exposition consacrée à Walter Bonatti, donne à ce lieu une ambiance particulière qui donne des envies d'évasion et d'aventure.
Pour rejoindre le refuge Bertone, nous allons prendre le chemin des écoliers. Le tracé direct jusqu'à Bertone ne demande en effet que deux petites heures de marche sur un sentier entièrement en balcon. La variante par la Testa Bernarda que nous allons emprunter est beaucoup plus escarpée.
Dès le départ nous apprécions le calme de ce début de journée. Nous remontons jusqu'aux Granges de Malatra pour prendre, à droite, un sentier qui s'élève rapidement dans l'alpage. Après plusieurs minutes de marche, nous atteignons le vallon de Malatra, un large plateau au bout duquel apparaissent les granges de l'Alp Supérieure de Malatra.

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Nous passons à proximité des granges que nous laissons sur notre gauche puis le sentier continue en légère montée dans le vallon. Des marmottes pointent leur nez et disparaissent derrière de très gros blocs de rocher dont on peut se demander comment ils ont pu atterrir à cet emplacement aussi éloigné des flancs de la montagne. Le torrent de Malatra qui s'écoule dans le vallon, sur notre gauche, les y a peut être charriés il y des millénaires. Tout apparaît beaucoup plus calme aujourd'hui.
Derrière nous se rapproche un couple de randonneurs et mauvaise surprise, un chien gambade librement autour d'eux. Les marmottes, les bouquetins ou les chamois ne vont certainement pas apprécier ce compagnon à quatre pattes bien agité. Heureusement pour nous, nos poursuivants traversent le torrent et s'éloignent en direction de l'Aiguille de Malatra, nous redonnant l'espoir de surprendre quelques animaux à proximité du sentier. Nous allongeons le pas pour atteindre plus rapidement l'extrémité du vallon maintenant bien ensoleillé.

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Au bout du vallon, nous laissons sur notre gauche d'importants névés. Le sentier qui semblait bloqué par la montagne de Malatra, tourne vers la droite pour grimper brusquement vers le Pas d'Entre Deux Sauts. La montée est rendue plus difficile par le vent très violent qui soudainement a refait son apparition et qui va nous accompagner jusqu'au sommet.

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Derrière nous, de l'autre côté du Val Ferret, le soleil illumine les Petites et les Grandes Jorasses.

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Le vent glacial se renforce au sommet du Pas Entre Deux Sauts (2524 m). C'est un large col, bien dégagé dans l'alpage entre, à droite, la Tête Entre Deux Sauts et à gauche, la Tête de Sécheron.

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Dès le sommet, le sentier redescend dans les pâturages, c'est ici que nous aurons l'occasion de surprendre un chamois. Il est à environ 200 m mais lui aussi nous a vu et nous ne tenterons pas de l'approcher de peur de l'effrayer.

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Le sentier beaucoup plus pentu s'enfonce dans la combe d'Armina. La pierraille rend plus délicate le bas de la descente jusqu'au torrent d'Armina. Nous laissons à gauche les chalets en ruine de l'Alpe Supérieure de Sécheron (2260 m) pour remonter en face en direction du Col Sapin. Pas de surprise, toute la montée est bien visible, jusqu'au sommet du col.

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Peu avant le sommet du col, nous allons faire notre première rencontre de la journée. C'est une randonneuse solitaire. Sa solitude n'est cependant pas volontaire. Elle a perdu son mari en cours de montée et nous demande si nous avons rencontré quelqu'un. Notre réponse négative ne semble pas trop l'inquiéter d'autant plus que nous lui confirmons qu'elle est bien sur le bon itinéraire. Nous laissons là notre aventurière qui continue sa route sans attendre son compagnon. Espérons qu'il s'est simplement égaré et qu'il n'a pas fait une chute dans un quelconque ravin !
Après quelques derniers lacets dans l'alpage, le sentier repart en pente plus douce et en ligne droite. Au sommet du Col Sapin (2436 m), la vue est bien dégagée sur le Val Véni avec tout au fond Courmayeur, dominée par le Mont Chétif lequel masque en partie le glacier de Miage.

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Sur la droite du col, une montée extrêmement pentue permets d'atteindre le sommet de la Testa Bernarda (2534 m). En cours de montée, très belle vue sur le Mont Blanc de Courmayeur, l'Aiguille de Bionnassay et le glacier de Miage.

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Au sommet en forme de dôme, la vue est plongeante sur le Val Ferret dominé par les Grandes Jorasses. Malgré le vent qui nous oblige à enfiler les polaires et les vestes de pluie, nous resterons de longues minutes en admiration devant ce somptueux paysage. La montée finale était très difficile mais quelle belle récompense !
Il est 11 h et comme les autres jours, c'est le début du flux quotidien des randonneurs. L'un d'entre eux monte beaucoup plus rapidement que les autres. Visiblement, il n'a pas l'intention de faire une pause au sommet. Son allure et son attitude nous font deviner qu'il s'agit de l'époux égaré. Bingo ! C'est bien lui. Nous lui indiquons que nous avons croisé son épouse et qu'elle poursuit sa route jusqu'au refuge Bonatti. Notre homme est rassuré du moins pour l'instant. Peut-être bien que ce soir au refuge, il va y avoir quelques explications et que demain ces deux là vont marcher en se tenant par la main. En examinant la carte, je suppose qu'au sommet du col Sapin, l'homme a bifurqué sur la gauche au lieu d'aller vers la droite et qu'il s'est retrouvé quasiment au refuge Bertone, son point de départ ce qui représente, tout de même, une bonne dizaine de kilomètres supplémentaires !
En quittant le sommet de la Testa Bernarda, (2534 m), le sentier débute par une grande courbe sur la gauche puis descend vers une large crête herbeuse qui va longer le Val Ferret au dessus duquel les arêtes des Grandes Jorasses se découpent sur un magnifique ciel bleu.

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En nous retournant, nous redécouvrons la partie du Val Ferret que nous avons surplombé la veille en descendant le Grand Col Ferret avec en fond de vallée le hameau de La Vachey.

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Loin devant nous s'étalent, les pâturages en direction de Courmayeur.

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Sur la gauche du sentier mais un peu à l'écart quelques marmottes ne se soucient guère de notre passage. Poursuivant notre cheminement, notre attention est attirée par la vue d'une colonne de randonneurs venant dans notre direction. Ceux-là ont dû venir par bus entier. Plus surprenant, 300 mètres derrière eux, une deuxième colonne tout aussi imposante fait son apparition.

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Arrivés à la hauteur du premier groupe, nous les saluons mais seul le premier de la colonne nous répond. Il est plus âgé que tous les autres. Garçons et filles mélangés, ils ont à peine vingt ans et se suivent dans un silence absolu. Aucun ne fait un écart hors du sentier. Ils n'ont pas tous de sacs à dos. Dans un premier temps, nous nous demandons si ce n'est pas un groupe de sourds et muets. 300 m plus loin nous croisons le second groupe. Les jeunes ont le même comportement. Seuls quelques-uns chuchotent. Notre surprise augmente lorsque apparaît un 3ème groupe, puis un 4ème.... Nous croiserons ainsi dans l'alpage une douzaine de groupes tout aussi silencieux et disciplinés. Nous nous amusons à les compter, par groupe de 50 cela fait près de 600 ados réunis. De quoi s'agit-il ? Nous ne le saurons jamais et nous supposerons qu'il s'agit là d'un pèlerinage à caractère religieux. Au moins ceux là ne vont pas effrayer les marmottes !
Sur la crête, le vent est toujours aussi froid malgré la présence du soleil. Il souffle violemment par rafales. Il va nous falloir plusieurs arrêts sans succès avant de trouver un coin plus abrité pour la pause repas. Jacqueline restée bien emmitouflée a du mal à se réchauffer. Comme la veille, nous quittons le sentier pour descendre plus bas dans l'alpage. Le panorama est superbe sur les Grandes Jorasses et l'Arête de Rochefort derrière laquelle se pointe le sommet de la Dent du Géant.



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Au cours de la pause casse-croûte, nous aurons tout le loisir d'observer la montagne qui nous fait face. Il nous faudra toutefois beaucoup d'attention pour voir monter le téléphérique que relie La Palud à la Pointe Helbronner (3462 m). Juste au dessus se trouve le Glacier du Géant. A partir de ce point une liaison en télécabine est possible ce qui permet de traverser l'immense Glacier du Géant et de rejoindre l'Aiguille du Midi. Traverser ainsi le Mont Blanc, suspendu dans les airs doit être formidable. C'est cependant beaucoup plus coûteux que d'emprunter le tunnel ! A gauche du téléphérique, le Glacier de la Brenva s'étale sur tout le versant, sa langue terminale venant mourir près de l'entrée du tunnel. Au sommet, à gauche, s'élève la majestueuse Aiguille Noire de Peuterey.

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Plus à gauche, le zoom aidant, le Col de la Seigne semble tout proche, nous y serons pourtant que dans 2 jours.

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Ayant repris des forces, nous repartons sans trop nous presser. Le refuge Bertone ne doit plus être trop loin et il est à peine 13 heures. La pente s'accentue davantage toujours dans les pâturages et bien en contre bas, les infrastructures de l'entrée du tunnel du Mont Blanc tranchent avec le décor qui nous entoure.

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Ne voyant toujours pas le refuge, nous commençons à douter. Si c'est lui qui se trouve en face de nous, il est certes à notre niveau mais nous avons toute la vallée à traverser et en conséquence une montée sévère à nous taper. Ce n'est vraiment pas du goût de Jacqueline qui se voyait déjà arrivée. Quelques mètres plus loin, nous voilà rassurés, ce que nous voyons, c'est Chécrouit, le refuge Bertone et ses bâtiments annexes et juste au dessous de nos pieds.

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La fin de la descente est très rapide. Le sentier comprend de nombreux lacets mais malgré cela, les chaussures n'accrochent pas beaucoup sur ce terrain sec et sableux.
Il est 13 h 45 lorsque nous arrivons au refuge. (1970 m).

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Il y a beaucoup de monde, c'est encore l'heure du repas et tout le monde court partout. Après m'être présenté, le gérant très extraverti me salue d'un tonitruant Danielo ! Il s'empresse de nous amener à notre dortoir non s'en avoir pris au passage le sac à dos de Jacqueline laquelle n'en attendait pas moins.
Petite déception, il y a 3 ans, nous étions dans une annexe récemment rénovée avec tout le confort. Aujourd'hui nous sommes dans un grand dortoir d'une trentaine de place et il n'y a qu'une minuscule fenêtre qui ne laisse guère passer la lumière du jour. Qu'importe nous nous adapterons.
Je prends comme à mon habitude le lit du haut. Ce que je n'avais pas vu, c'est que le plafond du dortoir est très bas et que pour s'allonger sur le lit, il faut le faire en rampant. Une fois allongé, pas question de s'assoir. Pour redescendre il faut ramper dans l'autre sens. Vu ma souplesse très développée, je vais essayer de ne pas renouveler l'exercice trop souvent ne voulant pas gagner un tour de rein en supplément du tour du Mont Blanc.

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Les douches n'étant disponibles qu'à partir de 16 heures, nous nous installons sur la terrasse où des chaises longues vont nous contraindre à faire une petite sieste au soleil ! Les clients quittent peu à peu le refuge mais l'accalmie va être de courte durée avec l'arrivée d'un groupe de gamins d'une huitaine d'années qui pour un peu, nous vireraient bien de nos chaises pour prendre notre place.
Finit le calme. Courses, cris, bagarres, l'ambiance est montée d'un cran et ceci malgré les rappels à l'ordre des monitrices.
Depuis la terrasse, la vue est plongeante sur la vallée de Courmayeur dont nous voyons les premières maisons. En face de nous, le Mont Chétif surmonté d'une statue semble veiller sur la ville. Plus à gauche, la tête d'Arp qui surplombe les alpages du Plan Chécrouit nous indique la direction de notre prochaine étape dans le Val Veni.

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Pour l'heure c'est le moment de faire le bilan de l'étape du jour. Avec ses 5 h 30 de marche et 813 m de dénivelé, c'est sans trop de difficultés que nous sommes parvenus à Bertone. La variante de la Testa Bernarda mérite vraiment le détour. Le paysage est plus varié avec les montées successives au Pas d'Entre Deux Sauts et au Col Sapin. Le panorama au sommet de la Testa Bernarda est sublime. Ce beau décor nous a accompagné tout le long de la descente sur les pentes herbeuses vers Bertone. Autre très beau souvenir, l'approche de notre premier chamois dans la descente du Pas d'Entre Deux Saut. La météo était encore avec nous avec un ciel bien dégagé mais le vent violent et froid qui nous accompagne depuis maintenant 3 jours commence à être un peu pesant. La rencontre de tous ces ados montant vers la Testa Bernarda reste aussi un temps fort de la journée. Mais que sont-ils devenus ?
Je ne tarde pas à avoir la réponse. Depuis la terrasse du refuge en me retournant et en zoomant au maximum vers le dôme de la Testa Bernarda, celui-ci m'apparait entièrement recouvert de petits points multicolores. Tous les les groupes sont rassemblés au sommet. Pourvu qu'ils ne redescendent pas dormir au refuge !!!!

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En attendant l'heure de la douche, nous faisons un peu de lessive. Avec ce vent le tout va sécher très vite sur les fils installés à côté de la terrasse. A condition toutefois de bien attacher les affaires si l'on ne veut pas retrouver son slip sur le clocher de Courmayeur !
D'autres randonneurs sont arrivés. Un couple de jeunes français tous les deux gendarmes. Ils ont fait la connaissance d'un couple espagnol. Le courant passe bien entre eux si l'on en juge par les nombreux éclats de rire dont ils font profiter tout le monde.
Un allemand autour de la soixantaine est aussi arrivé. Sa première action a été de regarder sa montre pour juger du temps mis pour parvenir au refuge. Nous échangeons quelques mots alors que je suis revenu un cours instant dans le dortoir. Quand je dis nous échangeons quelques mots, c'est surtout lui qui parle. Il en est à son 6ème tour du Mont Blanc. Il randonne avec deux autres allemands qu'il a laissé loin derrière lui. J'ai l'impression que c'était d'ailleurs un de ses objectifs.
Effectivement, beaucoup plus tard dans l'après-midi, ses deux compagnons arrivent. De forte corpulence, ils ont visiblement beaucoup soufferts. A leur décharge, ils ont accompli une grande étape puisqu'ils sont partis du Refuge des Mottets. C'est ce que nous ferons en deux jours !
L'heure de la douche est arrivée mais une surprise nous attend. Beaucoup n'ont pas respecté les horaires et Jacqueline va en être quitte pour une bonne douche glacée. Pour nous qui étions arrivés les premiers au refuge, c'est tout de même un peu râlant. Désormais avant de laver les slips, on se lavera la tête !
De retour sur la terrasse, le vent va nous chasser. Nous trouvons un abri devant un petit chalet situé légèrement en contre bas mais là aussi, le vent devenant de plus en plus en fort, nous décidons de rentrer à l'intérieur du refuge pour attendre l'heure du repas prévu à 19 h 30.
Ce repas nous allons nous en souvenir longtemps ! Tout le monde s'est entassé dans la salle du restaurant relativement petite. Nous partageons notre table avec les trois allemands. Les deux gros ne parlent pas un mot de français et leur compagnon très volubile à son arrivée ne semble pas me reconnaître. Il est peut être aussi programmé pour ne plus parler français après 19 h ! A l'autre bout de la table, il y a un couple de français qui a l'air bien sympathique mais vu que les allemands nous séparent nous ne pouvons pas engager la conversation. Toute tentative serait d'ailleurs vouée à l'échec compte tenu du bruit infernal que font les gamins qui occupent trois autres grandes tables. Le refuge s'est transformé en cantine scolaire ! Impossible de s'entendre. Deux autres tables sont occupés par des ados tout aussi excités ! Dans ce vacarme épouvantable, le repas va en plus traîner en longueur ce qui est rarement le cas dans les refuges où le service est toujours très rapide. Nous nous consolons en appréciant le repas composé, en entrée, des pâtes traditionnelles mais pas très chaudes. Longtemps après, nous est servi de la polenta accompagnée de boeuf en sauce et de petites saucisses. Bien longtemps après, les tympans presque percés, nous avons droit à des pêches au sirop. Ces dernières vite avalées, nous levons le camp en laissant les gamins continuer de piailler et nos compagnons allemands finir leur deuxième litron de rouge. Dans le dortoir, le lit à côté du notre est occupé par un jeune français. Nous l'avons vu arriver dans l'après midi et nous l'avons tout de suite remarqué pour son côté frimeur. A en juger par l'état de son lit, c'est aussi un sacré bordélique. Il en a mis partout, dessus le lit, dessous le lit, entre les lits jusque sur nos affaires et même sur un autre lit resté libre. Quand il va venir se coucher tout à l'heure, ça va pas être triste, d'autant plus qu'il n'a pas pris la précaution de faire son lit.
Dans tout ce fatras, un petit objet attire notre attention. C'est une housse de portable que nous avions trouvé dans le courant de l'après midi sous un banc de la terrasse et que nous avions déposé bien en évidence sur la rambarde afin que son propriétaire puisse éventuellement la récupérer. Le jeune français n'étant pas encore arrivé, cet objet ne pouvait pas lui appartenir. Attention donc à nos affaires ! Petite gymnastique digestive pour me hisser à l'étage supérieur. Peu à peu le dortoir se remplit. Voilà les allemands. Espérons que les deux gros ne ronflent pas ! Difficile d'entrer discrètement dans le dortoir ! La porte grince et en plus pour la fermer correctement, il faut la claquer. A 21 h 30, presque tout le monde est couché mais la lumière est toujours allumée. Chacun doit compter sur son voisin pour aller éteindre. Moi, "prisonnier du plafond", je ne suis pas le mieux placé et je fais le mort. Enfin, un courageux se décide. A peine recouché, la porte grince...., puis claque, un retardataire arrive et rallume. Il se couche rapidement en laissant allumer. Un second courageux va à nouveau éteindre. Rebelote, 10 minutes plus tard, nouveau grincement et nouveau claquement de porte. C'est notre voisin de lit qui arrive à son tour. Il n'allume pas mais arrivé à son lit, vu le bordel, il n'a pas d'autres solutions que de revenir allumer provoquant ainsi quelques mouvements d'humeur bien compréhensibles. Vu les réactions, il va très vite éteindre et va essayer de se coucher dans le noir. Il se cogne plusieurs fois et ses nombreux jurons et soufflements en disent longs sur les difficultés qu'il rencontre. Moi, à côté, je me mord les lèvres pour ne pas éclater de rire. En voilà un qui la prochaine fois, prendra une lampe frontale ou se couchera le premier !

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