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Jeudi 17 juillet 2008.

6 h 15. Nous sommes parmi les premiers à sortir de nos sacs à viande. C'est le terme employé pour désigner les draps et cette appellation me fait toujours sourire. C'est vrai qu'il y en a de la viande dans les dortoirs et pas toujours bien fraîche ! Depuis cette année, nos draps sont en soie, non pas, parce que nous avons des goûts de luxe mais tout simplement parce qu'ils sont moins lourds et qu'ils prennent moins de place dans le sac à dos.

La pluie est annoncée pour la fin de journée, c'est une bonne raison pour partir de bonne heure. Nous nous habillons rapidement à la lumière de la lampe frontale. La veille, en prévoyance, nous avons rangé nos affaires et les avons laissés à portée de main afin de faire le moins de bruit possible par respect pour ceux qui n'ont pas encore ouvert les yeux. Les petits sacs de compression en toile que nous avons, sont aussi très pratiques. C'est fou ce que l'on peut mettre dedans ! C'est un peu froissé à la sortie mais nous ne sommes pas là pour faire un défilé de mode. Un conseil pour les néophytes, éviter absolument les poches en plastique ou les sacs poubelles qui font un bruit d'enfer !
Dans le noir, nous quittons le dortoir pour descendre à la salle à manger où nous retrouvons les randonneurs du GR5 déjà attablés pour le petit déjeuner. Eux aussi sont soucieux d'arriver avant la pluie. Ils font étape ce soir au Refuge de la Croix du Bonhomme. Une longue étape en perspective avec un final difficile.

Le petit déjeuner avalé, nous finissons de nous préparer sur la terrasse. Le ciel est bien couvert mais on peut tout de même apercevoir un coin de ciel bleu en direction de la vallée des Houches. C'est rassurant même si nous partons de l'autre côté. Le vent est beaucoup moins fort que durant la nuit mais il ne fait pas chaud, polaires et vestes de pluie sont donc de sortie.
7 h 15, nous levons le camp. Curieusement mon genou qui m'a fait souffrir toute la nuit semble vouloir se faire oublier. Ouf !
Le sentier s'élève rapidement au dessus du refuge mais la pente est tout de même plus souple que la veille. Le paysage a lui aussi changé. Fini la forêt et les alpages, nous cheminons maintenant entre les rochers. Par une large boucle sur la droite nous franchissons une grande combe pour nous retrouver face à la chaîne de Mont Blanc totalement prise sous les nuages. La pente devient plus douce et surprise, juste au bord du chemin, une marmotte pointe le bout de son nez !
Poussés par le vent, des bancs de brouillard nous enveloppent rapidement puis disparaissent tout aussi vite. C'est le calme absolu. Pas d'âme qui vive à l'horizon, nous sommes seuls dans cette immensité rocailleuse.
Soudain, au détour du sentier, un jeune bouquetin semble nous attendre. Perché sur le haut d'un rocher il observe notre approche. Pas farouche, il nous laisse approcher jusqu'à une dizaine de mètres. Deux autres le rejoignent puis un quatrième , sans doute la mère. Cette petite troupe va nous suivre sur 500 mètres le long du Grand Balcon menant au Brévent. C'est amusant, les 3 plus jeunes semblent jouer à cache cache avec nous en passant derrière les rochers. Leurs cris nous surprend. Ils émettent un petit sifflement. Nous resterons de longues minutes à les regarder gambader joyeusement autour de nous.

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Nous sommes à 2285 m d'altitude et le refuge de Bellachat est maintenant beaucoup plus bas.

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Le sentier tourne brusquement à gauche puis revient sur la droite derrière la ligne de crêtes. Des barres en fer sécurise le passage bien que le risque ne soit pas très grand.
Le bruit métallique caractéristique des bâtons heurtant les rochers annonce que nous allons pas tarder à avoir de la visite. Effectivement, derrière nous, monte un coureur à pied. Lui aussi a dormi au refuge, la nuit dernière, et n'a pour seul bagage que son camelbak. Il s'entraîne certainement pour le trail du Mont Blanc. Après un rapide salut, il disparait dans le brouillard.
Sur notre gauche, apparait en contre bas, le lac du Brévent .

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A droite, au dessus de la ligne de crêtes, le Mont Blanc est totalement emprisonné dans les nuages. Seul, plus bas, le glacier des Bossons laisse entrevoir sa langue terminale.

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Dans un léger replat, nous franchissons notre premier petit névé puis la montée reprend plus sévère. La verdure a totalement disparu et nous montons maintenant dans les éboulis. Devant nous, 2 lacets au dessus, le trailer continue sa progression. Encore plus haut, une trouée dans le brouillard, nous permet d'apercevoir la gare terminale du téléphérique du Brévent.
Un bouquetin traverse tranquillement le sentier tout près de nous, sans même se soucier de notre présence. C'est l'avantage de faire le Tour du Mont Blanc dans le sens dans lequel nous l'effectuons. En partant de bonne heure, nous sommes, en effet, les premiers sur les sommets et les animaux ne sont pas encore effrayés par l'arrivée des randonneurs. Ce n'est pas le cas vers le milieu de la journée lorsque le gros de la troupe arrive dans l'autre sens. Certains sont accompagnés de leur chien qu'ils laissent librement gambader. D'autres se croient seuls au monde et s'interpellent bruyamment. Difficile dans ces conditions de surprendre marmottes, bouquetins ou chamois....

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Un peu plus loin, une belle perdrix est tapie dans des pierres. Elle fait preuve d'un étonnant mimétisme et il faut vraiment porter les yeux dessus pour la voir.

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La montée finale vers la plateforme du téléphérique du Brévent (2526 m) est plus escarpée mais le chemin très bien tracé dans la rocaille en facilite l'accès. Heureusement, car le brouillard est de plus en plus dense. Le téléphérique est fermé en raison de travaux de réfection. Conséquence, tout est désert. Ce ne doit pas être le cas lorsqu'il fonctionne si l'on en juge par les détritus laissés par les randonneurs peu scrupuleux.
Pour l'instant, la météo n'est pas de notre côté. Nous jetons tout de même un dernier regard sur la vallée de Chamonix.

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La gare du téléphérique est relativement importante mais ces gros blocs de béton, noyés dans la brume, sans trace de vie, apparaissent bien austères aussi sans trop nous attarder, nous reprenons notre chemin en direction du Col du Brévent. Nous descendons par une large piste bientôt coupée par un important névé. Il n'y a pas de risque mais malgré cela, la traversée d'une trentaine de mètre sera délicate pour Jacqueline, pas très à l'aise sur ce type de terrain. Il est vrai qu'elle a laissé ses skis à la maison et qu'elle n'a qu'un seul bâton !

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Revenus sur la terre ferme, nous quittons la piste pour prendre à gauche un sentier plus étroit qui descend pour atteindre le sommet d'une grande barre rocheuse. Des barres métalliques puis des échelles facilitent la descente que nous effectuons tout de même avec précaution. Inutile de prendre des risques. Nous ne sommes, ni l'un ni l'autre, les rois de l'escalade, surtout avec le poids du sac à dos et les bâtons de marche qui deviennent vite encombrants sur les échelles.

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Passé ce petit obstacle, le sentier remonte à nouveau toujours entre les rochers. Nous croisons un couple de randonneurs, ce sont les premiers de la journée. Il est à peine plus de 9 heures. D'allure sportive, ils sont certainement partis de bonne heure pour être arrivés aussi tôt à ce niveau.
Après une petite conversation, chacun reprend sa route. En traversant une petite combe, les marmottes signalent notre approche mais nous laissent le temps de les admirer. Nous nous posons la question de savoir ce qu'elles peuvent manger au milieu de toute cette caillasse. Force est de constater qu'il n'y a ni papier d'alu, ni plaque de chocolat. On nous aurait menti ?
La montée reprend plus raide puis le sentier tourne vers la droite en laissant à gauche le GR5.
A nouveau, les névés font passer un moment "agréable" à Jacqueline !
Nous descendons vers le col du Brévent. Jacqueline me suit à quelques mètres lorsque un cri trouble le calme de la montagne. Ce n'est pas une marmotte qui l'a poussé mais Jacqueline qui s'élançant tout schuss sur un névé, vient de s'étaler sur la neige glacée. Rien de grave, les genoux ont servi d'amortisseur comme en témoignent les traces laissées sur le pantalon. Cela ne va pas arranger nos affaires, le passage des prochains névés va se faire encore plus délicatement même s' il est bien connu que plus on est crispé, plus on se casse la gueule !
En fin de descente, une ultime traversée de névé plus pentue nous permet d'atteindre le col du Brévent (2368 m) matérialisé par une pyramide de pierres plates soigneusement maçonnées. Franchir un col en descendant c'est le pied !

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Nous continuons notre descente en direction des chalets de Planpraz dont nous ne tardons pas à apercevoir les télécabines. Celles-ci paraissent toutes proches mais il nous faudra suivre plusieurs lacets avant de les atteindre.
Après avoir laissé, à gauche, le sentier conduisant au clocher de Planpraz, nous voyons nettement la piste que nous allons devoir emprunter en direction de La Flégère mais elle est encore plus bas et nous sommes contraint de continuer de descendre vers le Sud sur près d'un kilomètre. en sachant qu'il nous faudra refaire ce kilomètre dans l'autre sens une fois la piste atteinte. On a vraiment l'impression de revenir sur nos pas et de faire du chemin pour rien mais c'est aussi cela la montagne où l'on ne marche pas souvent en ligne droite.
Les brumes ne nous entourent plus et nous sommes revenus dans la verdure et les rhododendrons.

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Enfin, la piste est atteinte. Nous sommes redescendus à 2000 m. Près du Chalet de Planpraz, de gros engins déplacent d'énormes blocs de rochers. Le bruit de ces blocs tombant dans les bennes des camions résonnent dans la montagne. Ces importants travaux expliquent la fermeture du téléphérique du Brévent.
Une petite halte est la bienvenue après cette très longue descente. Sur notre droite, l'Aiguille du Midi apparaît, elle est maintenant assez éloignée.
Le temps d'avaler une pâte de fruit et nous repartons sur la piste, en direction du Nord. 300 m plus loin, un panneau indiquant La Flégère est légèrement orienté vers la gauche. Nous quittons donc la piste pour prendre un petit sentier qui s'élève rapidement. Après une dizaine de minutes, nous surplombons à nouveau la large piste. Je prends alors conscience que nous n'avons pas pris la bonne direction. Un coup d'oeil sur la carte me le confirme. Nous avons pris la direction des crêtes et du Lac Cornu. Ce serait idiot de faire demi tour et de redescendre ce que nous avons monté d'autant que la piste menant à La Flégère me semble assez fréquentée et sans grand intérêt. La décision est prise, nous continuons notre chemin. La montée est sévère. Sur notre gauche domine l'Aiguille de Charlanon.
Les marques de balisage sont de plus en plus espacées et pas de toute première fraîcheur. En sens inverse, quatre jeunes randonneurs nous confirment que nous sommes sur le bon chemin. Ils sont partis ce matin du refuge du Lac Blanc et ont, eux aussi, pris cette variante, un peu comme nous, par erreur. Chacun se rassure sur le bon itinéraire et c'est reparti. La montée s'accentue encore en longeant le télésiège du Col Cornu. Après un ultime effort le col est atteint (2414 m) mais nous sommes à nouveau dans la brume et il fait de plus en plus froid ce qui nous oblige à enfiler, à la hâte, les vestes imper en se mettant à l'abri du grand cairn qui matérialise le sommet du col et tout cela, sous le regard attentif d'un surprenant guetteur.

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Nous sommes désormais sur la crête constituée uniquement de pierrailles et de gros blocs de rochers. Il n'y a plus de sentier. Le balisage habituel du TMB a lui aussi disparu. Moment de flottement ! Sur un gros rocher une flèche jaune indique la direction des Lacs Noirs. Vérification faite sur la carte, nous devons bien aller dans cette direction. De rochers en rochers, de gros points jaunes nous indiquent le chemin. Heureusement qu'ils sont suffisamment rapprochés parce que le brouillard est maintenant beaucoup plus dense. La visibilité est réduite à une vingtaine de mètres. Le vent s'est mis aussi de la partie et pour compléter le tout, notre marche est à nouveau ralentie par la présence de névés. Nous devons nous montrer prudents car si la neige recouvre les rochers, il y a, entre eux, de nombreuses petites crevasses. Vu leur profondeur, si la neige cède sous nos pieds, nous ne tomberons pas bien bas ! Ceci ne nous empêche pas de rester vigilants, un accident bête, une cheville foulée et c'est la galère assurée. Dans ces conditions, on regretterait presque qu'il n'y ait personne autour de nous !
Dans ce décor un peu lugubre apparaît plus bas, sur notre gauche, le Lac Cornu avec sa forme caractéristique.

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Par beau temps, la vue doit être splendide sur le Massif des Aiguilles Rouges, dommage ce sera peut être pour une prochaine fois. Toujours avec prudence, nous continuons notre chemin parmi les éboulis. Une flèche indique, sur la gauche, la direction des Lacs Noirs. Vu leur nom et les conditions météo, inutile de faire le détour. Quelques mètres plus loin, nous atteignons le Col de la Glière (2461 m). Nous devons tourner à droite pour emprunter la Combe de la Glière en descendant par une petite brèche. Cette dernière est équipée de barres métalliques et de petits marche-pieds mais, dans le bas, un pont de neige recouvre à moitié les barres. Il n'y a donc plus de point d'appui possible ! Si le pont de neige tient sous notre poids, pas de problème, sinon c'est la glissade sur les fesses dans la pierraille. Comme toboggan, il y a mieux ! Pour cette fois, le pont a tenu ! Ouf !
Nous voici, à nouveau, sur un sentier bien tracé. Un couple monte à notre rencontre, la taille de leurs sacs indique qu'ils sont partis seulement pour la journée. Midi approche et depuis notre départ, ce matin, les personnes que nous avons rencontré se comptent sur les doigts de la main.
Nous continuons de descendre dans la combe bien abritée du vent avec à notre droite la montagne de Charlanon.

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Le sentier descend en ligne droite, avec seulement un double lacet vers le bas. L'observation des marmottes va ralentir un peu notre progression. Un peu plus loin, un magnifique bouquetin nous regarde passer sans manifester la moindre crainte. Ce vieux solitaire semble s'être retiré à cet endroit pour y finir paisiblement ses jours. Dommage que je ne sois pas herbivore parce que le moment venu, je ferais bien comme lui, ce doit être beaucoup plus agréable qu'un séjour en maison de retraite.

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Nous décidons de nous arrêter au bas de la combe pour la pause casse croûte. Une grande roche plate va nous servir de table et aussi d'abri contre le vent glacial. Nous sommes sortis du brouillard mais le ciel est toujours aussi chargé. Les nombreux nuages poussés par le vent défilent très rapidement dans le ciel.
Jacqueline est beaucoup plus en forme que la veille. Le moral remonte même si nous avons encore un bon bout de chemin à accomplir. Notre seule crainte, c'est d'être pris sous la pluie aussi décidons nous de limiter au maximum cette petite halte de la mi journée.
Le détour par la variante du Col Cornu s'est avéré être plus escarpé que je ne l'avais envisagé. Autre souci, alors que Je pensais parvenir au Lac Blanc par les crêtes en restant sur les hauteurs, force est de constater que ce ne sera pas le cas. En effet, devant nous, s"élève le sentier qui conduit Col du Fouet que nous devons franchir.

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Après une petite montée, il nous faut redescendre dans une cuvette très encombrée par les éboulis. Reste d'avalanche ou travaux pour aménager les pistes de ski, quoiqu'il en soit, la montagne a beaucoup souffert à cet endroit. Le sentier remonte brusquement dans la pierraille. L'ascension est rendue difficile en raison des pierres instables. Enfin apparait le poteau annonçant le sommet du col (2361 m) mais en même temps, une petite pluie fine, nous contraint à hâter le pas.
La visibilité est à nouveau assez réduite. Des bruits de voix attirent notre attention sur notre droite. Cela semble provenir du haut des pics environnants. Ce sont certainement des alpinistes mais nous n'en sauront pas plus, la crête est totalement prise dans le brouillard.
Nouvelle surprise, après le Col du Fouet, la montée n'est pas terminée. A gauche, une piste plus large conduit jusqu'à l'Index ( 2385 m) point d'arrivée du télésiège de la Flégère. Malgré les conditions météo, il y a un peu de monde sur les différents sentiers. De courtes ballades sont possibles à partir de cet endroit et par beau temps, la vue doit être magnifique sur le Massif des Aiguilles Rouges.
Nous empruntons sur notre droite le chemin menant au Lac Blanc. Celui-ci passe au bord du petit lac du Fouet puis continue en balcon. De cet endroit, nous devrions voir le Mont Blanc sur notre droite. Ce sera pas pour aujourd'hui, le brouillard a décidé de nous accompagner jusqu'à l'arrivée.
Le franchissement de plusieurs combes avec à chaque fois petites descentes et montées, commence à peser dans les jambes. Le "C'est encore loin ?" répété par Jacqueline indique que le carburant commence à faire défaut. A chaque virage, nous espérons voir le refuge, mais non ce n'est pas encore pour cette fois !
Au contraire, le sentier tourne encore plus sur la droite pour franchir la grande combe des Glières. Un groupe de 7 à 8 bouquetins traversent la combe en même temps que nous. Il y a beaucoup de jeunes. Tiens, bizarre, ceux rencontrés ce matin émettaient des petits sifflements, ceux là bêlent comme des chèvres ce qui semble tout de même plus normal.
En arrivant près de la tête Aubuy, nous pénétrons dans la réserve naturelle des Aiguilles Rouges. La pluie s'accentue, les capes sont vite enfilées protégeant du même coup les sacs à dos. La montagne compte désormais, deux animaux de plus, nous voilà transformés en chameaux.
Enfin, un panneau indique la direction du Lac Blanc. Contrairement à ce que je pensais nous n'arrivons pas par le haut, une nouvelle montée nous attends. La dernière de la journée, mais comme nous ne voyons toujours pas le refuge, le moral de Jacqueline est atteint. La pente s'accentue en rejoignant le sentier venant de la Flégère. Il y a davantage de monde. Après un dernier effort, nous voici enfin au bord du lac. (2352 m). Pas très grand, il est en deux partie et nous devons contourner la partie inférieure pour finir d'arriver au refuge. ( 2352 m).

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Il est 15 h 30 et il était temps d'arriver, la pluie est maintenant beaucoup plus forte et la visibilité s'est réduite à une vingtaine de mètres à peine.
Pas de temps à perdre, direction l'accueil, nous avons une mission à accomplir ! Nous devons, en effet, remettre à un prénommé ou une prénommée "Aindy" une lettre que nous a donnée une des jeunes filles du Refuge de Bellachat. Le gérant toujours coiffé de son chapeau même lorsqu'il est au fourneau se charge de lui transmettre la missive. Aindy se trouvant dans la pénombre, au fond de la cuisine, nous ne saurons jamais s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille. Quoiqu'il en soit, nous avons rempli notre rôle de facteur et à une époque où les portables sont devenus l'outil indispensable des jeunes, cette petite anecdote ne manque pas de piquant !
Une des jeunes employées du refuge, nous conduit à notre dortoir. Nous nous retrouvons dans le même bloc de 5 qu'il y a 3 ans. Une petite lucarne donne sur le Lac Blanc. Il n'y a pas de porte entre les blocs et la place est relativement réduite. Les sacs à dos doivent être laissés au sous-sol où des casiers fermant à clef sont mis à disposition des randonneurs.
Il est à peine 15 heures mais déjà le refuge semble complet.
De l'escalier qui mène au sous-sol, une très forte odeur de mazout attire notre attention. C'est la chaudière qui donne des signes d'inquiétude. Deux personnes sont à son chevet et le problème semble complexe. Si les réparateurs sont montés de la vallée, bonjour les frais de déplacement et s'ils doivent redescendre chercher une pièce de rechange, nous en serons quitte pour une douche froide !
Les fils pour faire sécher les vêtements sont bien remplis. Tant bien que mal nous installons nos affaires dans la semi obscurité, le gîte n'étant alimenté en électricité que par un transformateur, celui ne fonctionne, par raison d'économie, qu'à partir de 16 h. Idem pour les douches. Nous patienterons dans la salle à manger située au 1er niveau en appréciant un chocolat chaud. Toutes les tables sont occupées, et la présence de plusieurs enfants indique que nombreux sont ceux qui ont utilisé les télécabines de La Flégère pour grimper jusqu'ici. Dommage, dans ces refuges facilement accessibles, l'ambiance n'est pas la même que dans les refuges d'altitude. Le comportement à lui seul, indique que les motivations ne sont pas les mêmes.
Tout en buvant notre chocolat, nous faisons le bilan de la journée. Une belle étape, avec 1100 m de dénivelé qui nous a permis d'observer la faune de près. Nous avons apprécié le calme de la montagne surtout au cours de la matinée. Le passage de quelques névés a eu aussi son charme. Le brouillard et l'austérité du Lac Cornu nous a rappelé que nous sommes bien petits dans ces immensités. La météo n'a pas été très favorable mais derrière les grandes baies vitrées de la salle à manger, la pluie tombe maintenant beaucoup plus fort et nous apprécions donc encore davantage le fait d'être arrivé avant le déluge.
La chaudière étant réparée, nous redescendons au sous-sol munis de nos deux jetons pour les douches. Tout en attendant notre tour, nous constatons qu'une banale douche peut devenir stressante pour les parents qui doivent faire face aux caprices de leurs rejetons. Cris, énervement, oubli de jeton, oubli de champoing, mademoiselle qui veut se sécher les cheveux et prendre tout son temps, eau pas à la bonne température etc... etc..... Nous compatissons au stress des parents qui prenant conscience de la longueur de la file d'attente, doivent regretter d'avoir amener leur progéniture dans cette aventure.
Après la douche, nous passerons le reste de l'après-midi dans la salle à manger. Mots croisés, sudoku sont les bienvenus alors qu'à l'extérieur c'est toujours le déluge.
A 19 h, nous passons à table. Nous avons pour voisins 6 japonais et 4 anglais. Ce ne sera pas ce soir que nous échangerons nos mutuelles expériences de randonnées. Nous en sommes réduit à observer et à faire des suppositions. Le groupe de 4 anglais semble être composé des parents âgés d'une quarantaine d'années et de deux jeunes peut être, leur fils et leur bru. Les japonais, en majorité des femmes ont un guide accompagnateur. On ne saura pas s'ils ont l'habitude de randonner. Ce qui est évident c'est qu'ils ne manquent absolument de rien. Leur tenue vestimentaire témoignent que ce ne sont certainement pas les clients des restos du coeur japonais !
Une fois assis, impossible de bouger. La banquette en forme de U interdit tout déplacement. Si l'un d'entre nous veut quitter la table, les autres doivent se lever.
Le premier plat déposé sur la table est une assiette de fromage. Nous ne sommes pas surpris, le menu est le même qu'il y a 3 ans. Le fromage est apporté pour être éventuellement mélangé au potage. Difficile de l'expliquer à nos amis anglais et japonais qui n'ont vraiment pas l'air d'apprécier. Un japonais se risque à l'aventure mais sa grimace en dit long sur son ressenti. Après le potage, nous avons droit à du boeuf en sauce qui me rappelle le boeuf en boite que l'on trouvait dans les rations à l'armée. A moins que ce ne soit de la marmotte confite .... ! Une bonne platée de pâtes complète le tout. C'est nourrissant c'est l'essentiel. Le fromage des japonais finira dans mon assiette avant d'attaquer le dessert original dans un tel lieu : une poire Belle Hélène qui intriguera aussi nos voisins de table.
Avant d'aller se pieuter, nous resterons un petit moment dans la salle à manger en feuilletant des revues alors qu'autour de nous, des groupes familiaux se sont réunis pour prendre part, assez bruyamment, à des jeux de société. Un couple constitué d'un homme d'assez forte corpulence et d'une jeune personne qui pourrait être sa fille sont arrivés alors que nous en étions au dessert. Le gérant a eu la gentillesse de leur servir un repas, chose assez rare dans les refuges où "après l'heure, c'est plus l'heure". Leur accent indique qu'ils sont originaires de Belgique. Le monsieur encore tout essoufflé a la particularité de porter un deuxième sac à dos sur le ventre. Cette surcharge pondérale explique peut être leur arrivée tardive surtout s'ils n'ont pas pris le téléphérique. La jeune fille qui semble beaucoup plus expérimentée le rassure mais notre pauvre homme se demande ce qu'il est venu faire dans une telle galère et s'inquiète surtout de l'étape du lendemain. Il doit se dire qu'il aurait mieux fait de rester à la maison, les pieds dans ses pantoufles. C'est aussi ce que nous dirons en entendant ses ronflements durant toute la nuit !
En plus de nos deux amis belges, nous partageons notre dortoir avec le responsable du groupe des japonais.

A 21 h c'est l'extinction des feux.

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