Le Long des canaux à vélo. Nivernais - Bourgogne - Centre. 5 ème étape : Ancy Le Franc - Pouilly en Auxois

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Mardi 3 août 2010. Ancy Le Franc - Pouilly En Auxois

Les nuits se suivent et se ressemblent. Très tôt endormis, très tôt réveillés !

De 4 h à 6 h du matin, à demi assoupi, j'ai eu, une fois de plus, tout le temps d'écouter les trains passer.
Tout comme les bâtisseurs de canaux, les ingénieurs de la SNCF ont essayé de trouver des couloirs le moins accidentés possible. Il est donc somme toute, logique de trouver souvent côte à côte, canaux et voies ferrées. Après trois nuits, je suis devenu expert. Rien qu'au bruit que font les roues sur les rails, je suis maintenant capable de reconnaître un train de voyageur et un train de marchandises. Cette nuit, le bruit du TGV dont la ligne Paris, Lyon, Marseille n'est distante que de cinq kilomètres à vol d'oiseau, est venue s'ajouter aux deux autres. Le bruit est tel que j'ai l'impression d'être couché à 10 mètres du ballast. C'est tout juste si ne n'enfouis pas ma tête dans le sac de couchage pour éviter le déplacement d'air ! Jamais je n'aurais cru qu'il y avait autant de trains en circulation en pleine nuit.
Devant le camping, passe la route d'accès à Ancy Le Franc et au bruit des trains s'ajoute le bruit des camions. Pour couronner le tout, le clocher de l'église d'Ancy Le Franc s'efforce de nous tenir éveillé en sonnant tous les quarts d'heures.
A part çà, le camping est très silencieux ! D'ailleurs, comme tous les autres jours, tout le monde dort profondément lorsque nous quittons les lieux, vers 8 heures du matin !

Ce matin, le soleil n'est pas au rendez-vous. Il fait plutôt frais et une légère bruine tombe lorsque nous prenons la route pour rejoindre le canal.

Nous repassons dans l'autre sens le pont franchi à notre arrivée et nous voici à nouveau sur le chemin de hallage.

Sur l'autre rive, dans le port, de nombreux bateaux sont amarrés.
Un peu plus loin juste avant l'écluse d'Ancy Le Franc, une prise d'eau est faîte sur l'Armançon pour alimenter le canal.
Après l'écluse d'Ancy Le Franc, le canal s'oriente plein Sud pour franchir, 1 kilomètre plus loin, l'écluse de Chassignelles du nom du petit village légèrement en retrait sur la gauche. La pierre calcaire de la région a longtemps été la principale source d'emploi du village. Aujourd'hui il n'y a plus aucune trace de cette activité depuis les années 1980.

Le brouillard est maintenant bien présent des deux côtés du canal.

Au passage, nous saluons les pêcheurs déjà en place à cette heure matinale. Nous sommes les seuls cyclistes et les bateaux n'ont pas encore repris leur marche quotidienne.

Ce début de matinée, c'est aussi le moment privilégié des hérons. Eux aussi sont en pleine pêche. C'est certainement le jour où nous allons en rencontrer le plus. Ils décollent dès notre approche et se reposent un peu plus loin. Ce qui est bizarre, c'est qu'ils se reposent toujours devant nous et non derrière. Après tout, nous nous trompons peut être, il n'y a peut être qu'un seul spécimen et c'est peut être toujours le même qui nous suit tout au long du canal !

En tout cas, en voilà un qui déroge à la règle et qui ne semble guère effarouché par notre présence. Il se laisse photographier sans difficulté. Soit il est trop occupé à pêcher, Soit imbu de sa personne, il admire son profil dans le miroir de l'eau, Soit il croit voir dans les remous une douce compagne Soit, c'est un faux, il est en plastique.

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Nous laissons à sa béatitude le grand emplumé pour continuer notre chemin jusqu'à l'écluse 78 de Fulvy située 2,5 km après Chassignelles. L'écluse de la Papeterie est située 2,3 km plus loin. Avant d'y arriver, nous longeons une grande carrière. Comme celle de la veille, elle ne semble plus exploitée. De gros blocs de pierre y sont stockés mais tout semble à l'abandon. On y remarque aussi un accès direct au canal par une dérivation qui était sans doute destinée aux péniches afin de faciliter leur chargement.

1,7 km plus loin nous passons l'écluse de l'Huilery.

Un peu plus loin, le canal laisse, sur sa droite, le petit village de Nuits sur Armançon et sur la gauche, le bourg plus important de Ravières. A cet endroit, une prise d'eau est faite sur l'Armançon qui coule à droite, pour alimenter le canal.

A la sortie de Ravières, sur l'autre rive, une grosse entreprise de pierre de taille est encore en activité. Les gros blocs de pierre de couleur blanchâtre, au grain fin et aux arêtes vives sont impeccablement rangés tout autour des bâtiments.

Située, 2,3 kms après l'écluse de L'Huilery, l'écluse de Nuits, nous fait pénétrer dans une zone plus sauvage. C'est sans aucun doute la partie la moins agréable de notre parcours. Le brouillard toujours présent accentue la tristesse des lieux.

Il fait très frais et je regrette de ne pas avoir enfilé les manchettes ce matin mais elles sont au fond des sacoches et je renonce à tout déballer pour les rechercher.

Nous avançons toujours en écluses montantes et pourtant le chemin de hallage donne l'impression de s'enfoncer de plus en plus.

Le sol ne s'améliore pas non plus. Cailloux et trous sont beaucoup plus nombreux. Sans cesse, nous passons d'un côté à l'autre du chemin pour essayer de trouver la partie la plus roulante.



Sur la carte du Tour de Bourgogne à Vélo, récupérée sur internet, la partie Migennes Rougemont est mentionnée comme véloroute en terrain naturel. Reste à savoir ce que nous réserve la nature !

Heureusement, dans une petite dizaine de kilomètres, nous serons à Rougemont où d'après la carte, nous devrions retrouver une voie verte stabilisée.

Après 2,4 km voici l'écluse d'Arlot. Nous passons, à nouveau, près d'une carrière abandonnée.



700 m après, nous arrivons à l'écluse de Cry avec encore une autre carrière sans aucune trace de vie humaine.

L'Armançon côtoie le canal à l'approche de l'écluse de Pérrigny située 2 kms plus loin. .

Après, à nouveau, 2 kms et une très grande ligne droite, nous arrivons à l'écluse d'Aisy où nous rencontrons la dragueuse du canal !

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Deux cent mètres plus loin, le canal repasse sous la route Tonnerre Montbard que nous allons longer sur plusieurs kilomètres.

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Sur notre droite, l'Armançon nous accompagne jusqu'à l'écluse tant attendue de Rougemont située 2,6 km plus en amont. Ici aussi, une prise d'eau a été faite sur l'Armançon pour alimenter le canal. Le brouillard se lève et nous sentons que le soleil ne devrait pas tarder à réchauffer nos vieilles carcasses.. Deux cent mètres après l'écluse, une heureuse surprise nous attend. Le chemin de hallage est maintenant recouvert d'une fine couche de sable fin. Terminé les secousses !
Nous avons fait notre entrée dans le département des Côtes d'Or. Quelques tours de roues supplémentaires nous amènent devant les forges de Buffon.

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Le comte de Buffon était un passionné de sciences, il a commencé par des essais à Aisy sur Armançon puis il a développé ses propres forges à partir de 1768. Il a contribué ainsi au progrès de la métallurgie. Pour la première fois, il a conçu une usine intégrée comprenant autour d'une grande cour rectangulaire, les installations industrielles, les remises et magasins de fer, la maison du maître, les habitations ouvrières mais aussi une boulangerie, un potager, une orangerie, un pigeonnier et une chapelle. Le haut fourneau est le bâtiment le plus remarquable. L'accès se faisait par un grand escalier qui permettait aux invités de marque d'admirer la coulée du métal en fusion. Les eaux de l'Armançon alimentaient des roues à aube qui apportaient la force hydraulique pour les machines.

Une dame qui attend l'ouverture s'intéresse à nos vélos. Elle a fait la veille une vingtaine de kilomètres à vélo le long du canal en venant de Pouilly en Auxois et elle a trouvé que le chemin n'était pas très carrossable. Heureusement qu'elle n'a pas fait la partie que nous venons de terminer !

La visite ne commençant que dans une demie heure, compte tenu de la longueur de l'étape qui nous attend, nous décidons de ne pas attendre.

En quittant la forge, une grande ligne droite se présente devant nous avec sur l'autre rive à gauche le village de Buffon.

C'est alors qu'il me vient subitement à l'esprit une folle envie de me séparer de Jacqueline.
Y en a marre ! Depuis le départ, elle suce ma roue arrière ! Clac ! Je bloque les freins ! La suite ne traîne pas. Un grand choc à l'arrière de mon vélo suivi d'un second choc plus feutré sur le sable fin. J'ai réussi mon coup. Jacqueline est par terre ! Pour tout dire, j'attendais, mais il n'est pas venu, un grand plouf...... dans le canal.

Cette version, c'est après coup que je la raconte parce qu'au moment des faits, je faisais moins le fiérot.

En réalité, à l'approche de Buffon, j'ai tout simplement voulu prendre une photo d'un village au bord du canal, sous le soleil enfin revenu.
J'ai signalé mon intention de m'arrêter mais ma manoeuvre a surpris Jacqueline qui a freiné un peu trop brusquement sur le sable du chemin. La suite reste la même. Jacqueline s'est retrouvée par terre, avec un coude et un genou meurtris et de gros bleus sur les jambes.

Heureusement, le vélo n'est pas cassé...... ni Jacqueline d'ailleurs.

Alors qu'elle se remet de ses émotions, je fais d'une pierre deux coups.

Sur la même photo je vais avoir, le village de Buffon et le lieu de l'accident ce qui donne au cliché, tout le monde en conviendra, une valeur inestimable.

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Il faut maintenant trouver une pharmacie pour soigner les blessures.

Nous repartons donc, chacun gardant ses distances, vers l'écluse de Buffon qui est située à seulement 700 m plus loin.

Depuis notre départ d'Ancy Le Franc nous avons roulé durant un peu plus de 23 kms pour une élévation de 32 m.

Le canal passe entre les villages de Saint Rémy situé à droite et de Blaisy situé à gauche.

Entre les deux villages, sur notre gauche, coule aussi la Brenne, affluent de l'Armançon que nous avons laissé à la sortie de Buffon.

Entre les écluses de St Rémy et de Fontenoy, nous croisons une grande péniche transformée en petit hôtel. C'est la péniche de Barack comme en témoigne le drapeau américain qui flotte au vent.

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Sachant que les écluses ne font guère plus de 5 mètres de large et 33 mètres de long, on imagine les difficultés rencontrées durant le voyage. C'était aussi le cas autrefois, lorsque le transport fluvial était en plein essor et le poids du chargement devait encore davantage compliquer la manoeuvre.
Derrière le bateau, le brassage de l'eau n'a plus rien à voir avec celui des petits bateaux de location.

Un peu plus loin, deux écluses encadrent le port de Montbard, ville importante dont nous apercevons l'imposant château sur la rive gauche.

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Immédiatement après la première écluse le canal franchi la Brenne par un pont canal.
Tout comme l'Armançon, la Brenne alimente le canal en eau.
Au niveau de la seconde écluse, séparée de la première de près de 2 km, nous traversons le canal pour rejoindre le centre ville de Montbard afin d'y trouver une pharmacie. La fameuse croix verte est vite repérée. Alors que j'attends Jacqueline à l'extérieur de la pharmacie, j'aperçois dans une rue voisine, les deux jeunes cyclistes rencontrés la veille et qui ont dormi à Ancy Le Franc.
Un bon quart après, Jacqueline ressort toute pansée avec à la main, produits antiseptiques et compresses qu'il va falloir loger dans les sacoches.
Avant de quitter Montbard, nous profitons de ce petit détour pour acheter du pain et bien évidemment nos parts de gâteaux quotidiennes.
De retour au bord du canal, nous suivons le balisage qui nous invite à tourner à droite en direction de la gare TGV mais après 500 m, à la sortie de Montbard, on se rend compte que le chemin de hallage est de l'autre côté. Demi tour donc vers le centre de Montbard. Nous retraversons le canal qui sépare la ville en deux partie. Un second port se trouve à la sortie.

Là, le balisage indique la direction de l'Abbaye de Fontenay.
Sommes nous dans la bonne direction ? L'abbaye de Fontenay est située à une dizaine de kilomètres à l'écart du canal. Comme je n'ai aucunement l'intention d'aller visiter l'abbaye de la Dame au Chapeau, je préfère demander confirmation à un couple de cyclistes qui transporte leurs enfants, un sur le porte bagage, l'autre dans une remorque. Ma question les fait douter à leur tour. Nous trouvons la réponse, une dizaine de mètres plus loin, Venarey Les Laumes est cette fois-ci bien indiquée.
Nous voici donc à nouveau sur le chemin de hallage toujours très roulant. Nous nous méfions de cette fine couche de sable fin lorsque nous croisons des cyclistes et qu'il faut changer de file. Une chute par jour. Le contrat de la journée est rempli pour nous !

Nous avons maintenant le canal à notre droite. De longues lignes droites nous attendent. Nous décidons de continuer jusqu'à Venarey Les Laumes afin de réduire au maximum la distance à couvrir après le repas. Après 3 kms, nous passons les écluses de Nogent et du Moulin de Nogent séparées d'un petit kilomètre. 2 kms supplémentaires sont nécessaires pour atteindre l'écluse de Courcelles. La distance entre chaque écluse se réduit à partir de l'écluse de Courcelles. Les écluses de Benoisey, de Seigny, de Grignon, des Granges ne sont espacées que de 500 m à 1 km maximum. Très souvent, lors du passage d'une écluse, nous croisons une route ou un chemin ce qui nous oblige à nous arrêter en raison du manque de visibilité. La relance se fait la plupart du temps sans problème puisqu'après chaque écluse une petite descente nous permet de reprendre sans aucun effort notre rythme de croisière.

Près de 2 kms après les Granges, il est midi bien sonné lorsque nous arrivons à l'écluse de Venarey Les Laumes. Le bourg est situé 300 m plus loin au bout d'une ligne droite. A l'entrée, sur l'autre rive, il y a le port mais surtout une aire de pique-nique objet de notre convoitise.

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Le soleil réchauffe maintenant l'atmosphère, cela nous fait oublier la fraîcheur matinale.
A 2 kms à l'Est de Venarey Les Laumes se trouve le village d'Alise Sainte Reine où s'est déroulée la bataille d'Alésia en 52 avant Jésus Christ. Vercingétorix, le copain d'Astérix y a rendu les armes après s'être bien battu face à Jules César.
Nous aussi, nous nous sommes bien battus pour arriver jusqu'ici mais il nous reste encore plus de 30 kilomètres à faire pour atteindre Pouilly en Auxois.
Cette étape est la plus longue. Malheureusement il n'y a pas de halte possible, ni hôtel, ni camping avant Pouilly. C'est le seul endroit sur l'ensemble du Tour de Bourgogne où l'hébergement nous a posé un petit problème. Compte tenu de ce qui nous attend pour l'après midi, raison de plus de prendre des forces.
Notre repas est agrémenté par l'arrivée d'un petit bateau de location qui vient s'amarrer au port le temps de la pause déjeuner des éclusiers qui dure de midi à 1 heure.
Une autre petite distraction, moins marrante, nous est donnée par une voiture de police planquée le long du mur du cimetière. Les policiers ont en ligne de mire une courte ligne droite à l'entrée de Venarey Les Laumes et ils prennent aux jumelles tous les automobilistes qui n'ont pas le réflexe de ralentir leur vitesse dès le passage du panneau d'entrée de l'agglomération. Vu l'emplacement du panneau situé à la sortie d'un virage, je me demande même s'ils ont le temps de ralentir. Quoiqu'il en soit, voilà encore, un moyen facile de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'état. Un seul quart d'heure sera suffisant pour atteindre le quota quotidien.

Depuis Ancy le Franc, nous avons parcouru une trentaine de kilomètres le long du canal et nous sommes 61 m plus haut.

Vers 13 h, nous reprenons notre avancée le long du canal.

Les écluses sont encore plus rapprochées. Nous passons successivement les écluses 55 et 54 de Venarey, les écluses 53 et 52 de Mussy.

Devant nous, une colline n'annonce rien de bon pour nos guiboles !
Dès que nous avons passé une écluse, une autre se présente à peine 300 m plus loin. Nous faisons du fractionné, avec un nouvel effort au passage de chaque écluse. Ce n'est pas du goût de Jacqueline qui commence à fatiguer. Nous n'avons même plus droit à notre petit temps de récupération. Après le passage de l'écluse, la petite descente est remplacée par un nouveau faux plat au bout duquel se dressent les 2 à 3 mètres de dénivelé de l'écluse suivante.
Le canal serpente de plus en plus. Par moment, on a l'impression d'être arrivé au sommet de la colline mais à la sortie d'une courbe, nous en découvrons une autre. Pour corser le tout, le chemin de hallage n'est plus de toute première jeunesse, adieu le sable fin !

C'est ainsi que nous allons passer les 15 écluses de Pouillenay en moins de 4 kms. Nous avons droit au même programme sur les 6 écluses de Chassey regroupées sur 1,7 km.

A l'une d'entre elles, nous ferons la pause café. Pour Jacqueline, qui a l'impression de passer les 23 virages de l'Alpe d'Huez, il est temps que tout s'arrête. Tout en buvant notre café, nous nous demandons si la montée ne va pas continuer ainsi jusqu'à Pouilly en Auxois. Si c'est le cas, ce sera camping sauvage, ce soir, au bord du canal !

Après une petite demie heure de pause, regonflés à bloc, nous voilà repartis.

Le chemin étant interdit à toute circulation sauf aux cyclistes, nous sommes donc étonnés d'y croiser ou de se faire doubler par des jeunes en vélomoteurs ou en motos.

En voyant la vitesse à laquelle ils se déplacent, nous ne sommes pas loin de leur faire une réflexion.

Heureusement, nous comprenons à temps qu'il s'agit des éclusiers qui, étant donné le nombre important d'écluses et le peu de distance qui les sépare, doivent s'occuper de plusieurs écluses. C'est dommage et pas très écolo d'autant plus que ce sont tous des jeunes, en VTT, ils iraient presque aussi vite et en plus ils auraient la forme ! Nous sommes bien à vélo nous !

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Le passage près de la localité de Marigny va se faire en franchissant 13 écluses supplémentaires, le tout en moins de 5 kms.
En cours de montée nous sommes passés sur l'autre rive. Le canal est maintenant à notre gauche. Et du même coup les maisons des éclusiers sont elles aussi maintenant sur l'autre rive. C'était sans doute fait pour laisser totalement libre le chemin de hallage et faciliter l'avancée des trains de péniches.

Nous sentons le bon bout, devant nous, les collines ont disparu. L'horizon n'est plus bouché comme au départ de Venarey Les Laumes après la pause déjeuner. Le moral de Jacqueline remonte, si tout va bien, nous allons dormir au camping de Pouilly.

Après les deux écluses de Charigny, nous voici sur le plateau. Si le canal descend toujours, pour nous, çà continue de monter mais les écluses sont maintenant beaucoup plus espacées. En 16 kms depuis Venarey Les Laumes nous sommes passés de 235 m à 336 m d'altitude. Certes, ce n'est pas la montée du Tourmalet, mais ce n'est tout de même pas plat comme la main.

Il nous faut maintenant parcourir près de 2,5 km pour trouver une nouvelle écluse en l'occurrence, la première écluse de Braux.



Le canal longe une grande route départementale jusqu'à l'entrée du village de Braux que nous laissons à gauche.

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La seconde écluse de Braux est à la sortie du village, 3 kms après la première.
Nous avons maintenant tout le temps pour terminer cette étape et comme les autres jours, nous allons la terminer tout en souplesse.
Deux kilomètres plus loin, nous arrivons au port de Pont Royal.

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Il ne nous reste plus qu'une petite vingtaine de kilomètres avant Pouilly. Une paille ! Nous retrouvons les lignes droites en même temps que le sable fin du chemin de hallage.

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L'écluse de Pont Royal est située 300 m après le village.

Quelques centaines de mètres plus loin, nous passons sous la départementale qui rejoint Pouilly. Plus en amont, nous laissons Saint Thibault sur la gauche du canal.

Un peu avant Beurizot, petit hameau toujours à gauche, le canal repasse sous la départementale de Pouilly. Il la recoupe 3 ou 4 kms plus loin pour s'approcher de l'autoroute.

Nous croisons de plus en plus de cyclistes qui roulent très souvent en famille. C'est le signe que nous nous approchons de l'arrivée.

Cela fait 12 kilomètres que nous n'avons pas franchi d'écluse lorsque nous arrivons à l'écluse de Gisey le Viel.

Durant les 5 kilomètres suivants , pratiquement tout en ligne droite, le canal descend Sud Est avec à sa gauche, la départementale de Pouilly et à sa droite l'autoroute. Nous passons successivement les écluses d'Eguilly, de la Croix Rouge, des Morons, des Carrons, de Chailly, de l'Argilas et de Pelleson.

Ce nouveau rapproché d'écluses confirme que la pente est de retour.

Le canal vire à l'Est pour prendre la direction de Pouilly en Auxois.

Nous passons les quatre dernières écluses dans la ligne droite menant à Pouilly en Auxois. Ce sont celles de Cercey, de Champ Roger, de La Lochère et de Pouilly qui porte le n° 1.

L'écluse de Pouilly est donc la dernière écluse du versant de l'Yonne.
Nous sommes arrivés au bief culminant de partage des eaux entre le versant de l'Yonne et le versant de la Saône. L'altitude du bief de partage est de 378 m c'est le plus haut bief de partage de France, 119 m plus haut que le bief de partage du canal du Nivernais.

A l'entrée de Pouilly, nous franchissons le canal pour contourner le port par la gauche. Les bateaux y sont nombreux. Nous longeons ensuite sous une belle allée d'arbres, la tranchée creusée jusqu'à l'entrée du tunnel.

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Nous voyons enfin le bout du tunnel au propre comme au figuré.

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Le compteur affiche 83 kms. C'est notre plus grande étape. Un peu trop longue pour Jacqueline même si nous sommes restés sur les rives du canal durant toute la journée. .

A l'entrée du tunnel nous tournons à droite pour revenir sur l'autre rive et redescendre en sens inverse jusqu'à l'entrée du camping.

Pour une fois, une dame est à l'accueil. Il y a beaucoup de monde. Le camping est plein à 80 %. Un emplacement nous est indiqué sur la gauche le long de la haie qui borde le camping.

Routine habituelle, montage de la tente, douche, nous prenons tout notre temps car ce soir, nous ne ferons pas la cuisine, nous allons nous offrir le restaurant.

Vers 19 h, nous quittons à pied le camping sous un air d'accordéon. De toute évidence cet accordéoniste campeur n'est pas un virtuose !
A l'accueil, nous demandons à la gérante un conseil pour le choix du restaurant. Il y en deux d'ouvert ce soir et la gérante ne veut pas trop se mouiller. Les deux sont corrects. A nous de voir suivant les menus.

En chemin, nous faisons un peu de tourisme dans le centre bourg.

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Notre choix se porte sur l'Hôtel du Commerce.
Nous y avons apprécié l'excellent repas et le petit rosé bien frais qui nous a un petit peu grisé.

Malgré cela, au retour, nous prenons le risque de revenir au bord du canal. Le soleil ayant disparu, les couleurs ont changé mais le site est toujours aussi agréable.

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En regardant l'ouvrage on ne peut être qu'admiratif sur les travaux réalisés et l'ingéniosité des techniciens de l'époque. L'alimentation en eau du canal est un des points qui a demandé le plus de réflexions. De grands réservoirs ou retenue ont étaient réalisés autour de Pouilly en Auxois. Ce sont les réservoirs de Cercey, à 4 kms au Sud ouest de Pouilly, du Tillot et de Chazilly à 5 et 8 kms au sud est, de Panthier à 4 kms à l'est, et de Grosbois à 5 kms au Nord Est. Ces cinq réservoirs contiennent 15 millions de m3 d'eau. Les réservoirs de Cercey, Chazilly et Grosbois alimentent le bief de partage des eaux, partie du canal qui passe dans le tunnel. Les eaux de la retenue de Grosbois passent à 100 m sous terre sous la montagne de Soussey sur une longueur de près de 4 kms. Les réservoirs de Panthier et de Tillot sont plus bas, ils alimentent des biefs inférieurs sur le versant Saône. Trois rivières alimentent aussi le canal, l'Ouche, la Brenne et l'Armançon. Les prises d'eau sur l'Armançon sont au niveau de Rougemont, Ravières, Ancy le Franc, Tonnerre et Germigny.

Mais l'homme ne maitrise pas tout. La nature reprend parfois ses droits. Rien n'est acquis, le canal reste soumis aux conditions météo. En 1965, il a été victime d'une très importante crue de l'Ouche et en 2003, en raison de la canicule, il a été partiellement fermé. Ses réservoirs n'avaient pas suffisamment d'eau pour l'alimenter. En 2001, c'est l'inverse, les fortes pluies ont provoqué des crues des biefs et c'est l'Ouche qui a débordé.

Pour nous, il est maintenant temps de prendre un peu de repos sous notre toile de tente 5 étoiles.
Durant toute la journée, nous ne nous sommes guère éloignés de la voie ferrée et de la ligne TGV. En fin de parcours, nous avons aussi longé l'autoroute. Une nuit douce et calme nous attend donc !

Extinction des feux 21 h 30.

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