TMB2008 - 5ème étape - Col de la Forclaz - Champex d'En Haut

A 7 h 40, nous quittons l'hôtel, jugé, un peu trop sophistiqué à notre goût à notre arrivée mais qui s'est avéré très correct.
Après avoir traversé la route, nous prenons un sentier qui passe devant une ferme d'alpage laquelle vend aussi des produits fermiers.
Très vite, le sentier pénètre en forêt ce qui nous met à l'abri du vent. Nous surplombons la route qui descend vers Martigny ainsi que les petits hameaux du Meylan, de Mayen Basse et de Mintset.
Le sentier comporte de très fortes montées entrecoupées par de petits replats, le tout dans une belle forêt de mélèzes. La fraîcheur de la nuit est encore présente mais peu à peu les rayons du soleil réchauffent l'atmosphère.
Un couple de marcheurs, plus âgés, nous rejoint puis nous dépasse. Pas bon pour notre moral, tout çà ! Nous nous consolons en nous disant qu'ils sont seulement partis pour effectuer leur petite marche quotidienne. Ce sont visiblement des habitués du secteur.
Partis de 1526 m, nous atteignons la côte de 1736 m à la Combe des Faces. Nouvelle montée sévère pour rejoindre une partie plus plate qui débouche dans une belle prairie. Nous y croisons quatre trailers, deux hommes et deux femmes. Tous descendent à un très bon rythme ce qui ne laisse aucun doute sur leur entraînement au top !
En limite de prairie, derrière une petite butte, dans une sympathique clairière se cache la ferme d'alpage de la Giète (1884 m).

Nous dépassons le couple âgé qui s'est arrêté là et qui va sans doute redescendre vers le col de la Forclaz après cette petite ballade matinale. Le sentier revient en forêt et la pente s'accentue à nouveau. Deux autres trailers dévalent la pente, en grandes enjambées, sans trop se soucier des racines qui pourtant encombrent le sentier. Il faut avoir les chevilles et les genoux solides !
Une large trouée entre les conifères offre une très belle vue sur le Valais, la ville de Martigny et ses vignobles.

Le sentier repart en balcon et s'oriente vers la droite en direction du sud. Une dernière montée assez difficile permet d'atteindre le Collet Portalo (2049m). Le paysage change brusquement. Nous sortons de la forêt, les alpages verdoyants de Bovine s'étalent devant nous.

Après cette longue montée, une petite pause s'impose. Nous posons nos fesses sur la pente herbeuse. Au dessus de nos têtes, le ciel est totalement bleu mais le vent très violent nous oblige à remettre les impers.
A nouveau, des trailers arrivent au sommet. Certains d'entre eux tiennent un papier à la main. C'est une feuille de route indiquant leur itinéraire. Tous doivent donc participer à une course. Ils sont sans doute partis de Champex de très bonne heure ce matin. Vu les écarts, ils n'ont pas tous le même niveau, c'est indiscutable et ils n'ont d'ailleurs pas non plus la même silhouette !
Face à nous, près de la ferme d'alpage de Bovine, des chiens de berger séparent les bêtes d'un troupeau. Nous les observons pendant de longues minutes en appréciant leur efficacité.
La ferme de Bovine n'est qu'à 300 mètres à vol d'oiseau, mais comme nous ne sommes pas munis d'ailes, c'est parfois bien dommage, c'est par le sentier que nous allons repartir.
Le chemin descend brusquement dans l'alpage puis par une partie plus plane, atteint la buvette qui sert aussi de refuge. (1987 m).

Près du troupeau, les chiens ont terminé leur travail. Les bêtes sont rassemblées en plusieurs groupes séparés par des clôtures électriques.
Le troupeau est principalement composé d'hérens, peut-être des futures adversaires pour les vaches du René à la Jeanne. Mais celui-ci n'a guère de souci à se faire. Les vaches suisses sont beaucoup plu.......us len........tes.

Après la buvette, le sentier oblique vers la droite et continue en balcon dans l'alpage. Nous y croisons encore des trailers qui, fatigue aidant, sont devenus de simples marcheurs.
C'est ici que nous constatons que tous les randonneurs n'ont pas un sens civique très développé si l'on en juge par le nombre de lingettes et de mouchoirs en papier jetés sur le bord du sentier. Si certains respectent l'environnement et redescendent leur poubelle dans leur sac à dos, d'autres se montrent moins scrupuleux. Les alpages de Bovine étant aussi un lieu de passage du trail du TMB, ceci explique peut-être cela. Une personne capable de courir pendant 150 km n'a pas plus la force physique pour ranger son mouchoir souillé dans sa poche ! C'est surprenant mais c'est pourtant la réalité.

Perdus dans nos pensées écolos, nous continuons notre progression. Au bout du sentier en balcon, les clochers d'Arpette semblent vouloir nous fermer le passage.

Quittant l'alpage, le sentier plonge brusquement sur la gauche et s'enfonce dans une végétation dense composée essentiellement d'arbustes. La pente est sévère. Pierres et racines compliquent la descente. Deux vététistes portant leur vélo à bout de bras escaladent la pente. En voilà deux qui vont apprécier les alpages de Bovine !
Il est bientôt 11 h et comme les autres jours, la masse des randonneurs arrive à notre rencontre. L'étroitesse du terrain ralentit sérieusement notre descente d'autant plus que les groupes sont nombreux. Ils ont dû venir par cars entiers ce matin ! Il est vrai que nous sommes dimanche ! Il va y en avoir des lingettes jetées dans l'alpage !
Nous nous enfonçons de plus en plus vers le fond de la vallée, la descente semble sans fin et les guiboles commencent à chauffer !
Plus bas, le sentier traverse plusieurs lits de petits torrents asséchés où neige durcie et roches se confondent.

Après une petite pause au bord d'un torrent, dans le vallon de la Jure, nous reprenons notre route sur un sentier plus large. Cette très longue descente très escarpée avec plus de 400 m de dénivelé a laissé des traces. Quel plaisir de marcher sur un sentier moins pentu. Du même coup, nous ne croisons plus personne, c'est à nouveau le calme. Le sentier devient quasiment plat puis se transforme en piste avant de pénètrer dans la belle forêt de mélèzes de Six Fours.
Plusieurs centaines de mètres plus loin, le chemin forestier débouche au Plan de l'Au ( 1330 m). Un chalet buvette y est installé, une route en facilite l'accès et c'est donc vraisemblablement d'ici que sont partis la plupart des marcheurs que nous avons rencontrés. En arrière plan, le Catogne domine la vallée.

En sortant du hameau, la tentation a été forte, il est midi et sous le auvent d'un chalet, c'est la fête. Des dizaines de personnes prennent l'apéro. Avec un peu plus d'audace, nous aurions pu nous mêler au groupe, il est vraisemblable que personne ne nous aurait remarqué. Tant pis, nous nous rattraperons sur l'eau plate de l'hôtel du Col de la Forclaz.
Nous quittons la route pour prendre à droite un chemin qui remonte dans la forêt en laissant à gauche un nouveau troupeau de vaches hérens. Quelques mètres plus loin, de grosses pierres plates vont être les bienvenues pour la pause casse-croûte. Ce sera pour nous l'occasion de terminer le fromage que nous baladons depuis notre départ et qui commence à signaler sa présence dès que nous ouvrons le sac à dos.
Le temps change, le ciel n'est plus totalement bleu, des nuages n'annonçant rien de bon ont fait leur apparition aussi nous limitons au maximum la pause repas.
A peine une demi heure plus tard, nous sommes repartis. Jusqu'aux premiers chalets de Champex d'En Bas (1359 m) le sentier continue à l'horizontal avec seulement quelques petits faux plats. Après avoir traversé le Durnand d'Arpette, situé dans un cadre champêtre, nous prenons la direction de Champex d'En Haut par une petite route en montée. Tout le long de celle-ci de très jolis chalets sont implantés, un peu en retrait, à l'abri des sapins.

Le coin est particulièrement vert et attirant. Plusieurs petits ruisseaux coulent sur les terrains environnants. L'envie de faire une sieste sur les pelouses fraichement tondues est très tentant mais la vue d'une vipère traversant la chaussée juste devant nous va nous faire vite changer d'avis. Je ne sais pas si la vallée de Champex est un lieu privilégié pour ces bestioles toujours est-il qu'il y a trois ans, nous avons fait la même rencontre dans cette même vallée. A l'approche de Champex d'En Haut, le pourcentage s'accentue. En face de nous, dominent les pistes de ski de Champex Lac avec au sommet la station de la Breya.

Champex d'En Haut est un tout petit hameau avec de jolis chalets fleuris. Le gîte le Bon Abri, terme de l'étape du jour se situe à la sortie du village. (1444 m).

L'accès au gîte se fait par l'arrière du bâtiment. Sous une toile de tente, face à la porte d'entrée, des chaises sont mises à disposition des randonneurs qui peuvent ainsi confortablement se débarrasser de leurs chaussures. Cette petite attention doit être bien appréciée par mauvais temps lorsque les randonneurs arrivent dégoulinant de pluie. C'est aussi pour les responsables du gîte un moyen de limiter l'utilisation de la serpillère.
L'accueil est correct sans être très chaleureux mais c'est une impression que nous aurons durant tout notre séjour en Suisse.
Ce soir, nous aurons uniquement pour nous deux un petit dortoir de 6 places. Le luxe !
Petite particularité, les douches sont séparées, au 1er étage, les hommes, au second les femmes.
Nous sommes arrivés vers 13 h 30 ce qui laisse du temps pour faire un peu de lessive. Le soleil brille encore et le vent toujours aussi fort devrait faire sécher rapidement les affaires sur les fils prévus à cet effet derrière le bâtiment. Juste à côté, dans une petite prairie, deux belles hérens nous jouent un concerto de leur composition à l'aide de leurs cloches. Espérons qu'elles auront la délicatesse de ne pas trop bouger durant la nuit !
Sur le côté du gite, une immense table en bois autour de laquelle peuvent s'installer plus de 25 personnes va nous permettre d'apprécier notre petite boisson fraîche du jour.
Avec seulement 587 m de dénivelé, l'étape du jour n'est en rien comparable avec le tracé classique du TMB passant par la Fenêtre d'Arpette qui offre le plus beau panorama du tour. Malgré cela, les alpages de Bovine ont leur charme. De toute façon, en cas de mauvais temps, il est beaucoup plus sage de passer par Bovine. Autre point fort du jour, la traversée de très belles forêts de mélèzes. Nous avons, par contre, moins aimé la longue descente dans le vallon de la Jure en raison de la végétation très touffue, de l'étroitesse du sentier, de la présence de nombreuses pierres et racines qui nous ont obligé à une attention soutenue. Cette portion délicate nous a cependant permis de mieux apprécier le calme de la vallée de Champex avec la découverte des premiers chalets suisses joliment fleuris. Enfin, la météo a été une nouvelle fois avec nous mais en regardant en direction de Martigny, la couleur du ciel nous indique que cela ne va pas durer plus longtemps.
Effectivement, quelques minutes plus tard, apparaissent les premières grosses gouttes, l'orage nous a rejoint et nous passerons le reste de l'après midi dans la grande salle de restaurant du gîte où revues diverses et jeux sont mis à notre disposition. En ce qui me concerne, pour me changer les idées je vais faire preuve d'originalité en feuilletant un livre sur le Tour du Mont Blanc !
La pluie accompagnée par les grondements du tonnerre va continuer jusqu'en fin de soirée. Heureusement que nous ne sommes plus au milieu des alpages de Bovine !
Peu à peu, le gîte se rempli. Il y a peu de randonneurs de passage comme nous. Une famille avec de très jeunes enfants est venue passer quelques jours au gîte. Grosse déception pour les petits qui se faisaient une joie de dormir dans un teepee installé sur la pelouse. L'orage a contrarié leur projet, le teepee prend l'eau.
Alors que nous allons passer à table, des randonneurs totalement trempés pénêtrent dans la salle à manger. Ils ont pris l'orage dans la descente de la Fenêtre d'Arpette et ils n'aspirent qu'à une chose : une bonne douche chaude. Nous les croyons volontiers. En montagne, le temps peut changer très vite et le décor est alors tout autre. Pour éviter ce genre de mésaventure, il est donc conseillé de partir le matin, le plus tôt possible. Pour avoir déjà été pris sous l'orage en montagne, c'est une chose que l'on oublie plus.
La salle du resto est pleine et comme au Col de la Forclaz nous souperons en tête à tête. Le repas est très correct : potage, volaille en sauce genre currit accompagné de riz, le tout servi à deux reprises, assortiment de fromage mais très petites parts, juste pour goûter, tarte à l'abricot avec un goût particulier que nous n'arriverons pas à identifier.
Avant de regagner le dortoir, dépaysement total, nous passons un peu de temps à jouer à un jeu de réflexion africain basé sur le calcul, l'awalé. Ce jeu se joue avec des graines, en l'occurrence des haricots. Le but du jeu est de gagner le plus de graines possibles. Faute de graines, on aurait pu aussi jouer avec des mouches, tant elles sont nombreuses malgré les pièges disposés aux quatre coins de la pièce, sur les vitres et au plafond. La présence des vaches dans le pré voisin en est la cause et ce doit être un casse-tête pour les gérants du gîte.
21 h, direction le dortoir où nous avons pris largement nos aises. Heureusement que les 4 autres places ne sont pas occupées. A 21 h 30, c'est l'extinction des feux.