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Samedi 26 juillet 2008

Le vent a soufflé fort durant toute la nuit. Les bourrasques m'ont réveillé vers 2 h du matin.
A 6 heures, ce n'est pas le réveil qui carillonne. Ce n'est pas non plus le Mont Blanc qui fait l'âne mais c'est bien l'âne du refuge qui en bramant réveille tout le monde. La bête est très bien programmée. Il est 6 heures pile !

Il me tarde d'aller voir le temps qu'il fait. Le passage du Col des Fours n'étant pas conseillé par mauvais temps, cela nous imposerait 2 h de marche supplémentaire par les Chapieux. L'étape étant suffisamment longue ce n'est pas à souhaiter.
Il fait très frais mais le vent a balayé les nuages et heureuse surprise, le ciel bleu est revenu.

Après un petit déjeuner simple mais copieux, nous quittons le refuge à 7 h 25.

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Encore aujourd'hui, une très longue étape nous attend. Courage Jacqueline, il n'en reste plus que deux !
Sur le bord du sentier, quelques marmottes sont venues assister à notre départ.
Le chemin descend en pente douce en longeant le torrent des Glaciers dont les berges ont une étonnante couleur rouille. Plus loin, nous franchissons le torrent sur un pont et nous remontons sur une centaine de mètres jusqu'à la Ville des Glaciers (1789 m). Ce petit hameau est le point de départ de nombreuses randonnées. S'il y a plusieurs bâtiments, seule la fromagerie que nous avons visité, il y a 3 ans, est occupée. C'est ici que se termine la route venant des Chapieux. Une navette fait régulièrement la jonction entre les deux villages ce qui évite une portion de route peu intéressante lorsque l'itinéraire du Col des Fours n'est pas conseillé.
Ni route, ni navette pour nous aujourd'hui, c'est tout droit. La montée du Col des Fours commence sur une large piste en lacets. Le TMB est pourtant balisé sur la gauche, dans l'alpage mais l'herbe n'a pas été coupée et le sentier ne semble pas avoir été emprunté depuis longtemps. Nous restons donc sur la piste. Après un bon kilomètre de montée, nous prenons une seconde piste sur notre gauche mais nous sommes vite bloqués par une importante manifestation de vaches qui occupent toute la piste !

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C'est l'heure de la traite ! Les temps ont changé, ce ne sont plus les vaches qui se déplacent, la trayeuse et les 4X4 montent désormais dans l'alpage. D'où la disparition des petits sentiers qui sont remplacés peu à peu par des pistes plus larges. Le progrès, toujours le progrès !
Nous nous frayons un passage au milieu du troupeau en essayant de ne pas se prendre un coup de queue en pleine tronche. Mais, en regardant le cul des vaches, on ne peut pas regarder où on met les pieds et là, une catastrophe est vite arrivée ! Peu importe, çà porte bonheur !
Sommes nous vraiment sur le bon itinéraire ? C'est la question que nous posons au berger mais comme il n'a pas l'air disposé à faire une longue causette nous continuons notre chemin toujours dans le doute. Après tout, lui ,il bosse ! Nous, on se ballade !
La piste s'arrête là. Elle est fermée par une clôture électrique. Nous sommes donc contraints de prendre une petite sente à peine marquée dans les hautes herbes. Le balisage est inexistant, les herbes sont de plus en plus hautes. Autant en profiter pour prendre en photos de jolies gentianes.

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Nous retrouvons la piste beaucoup plus haut en arrivant aux chalets d'alpage des Tufs. ( 1993 m). Soulagement ! Sur un poteau, le balisage rouge et blanc du TMB indique la bonne direction. Nous quittons la piste sur la gauche pour longer le ruisseau des Tufs.
Trois cents mètres plus loin, Jacqueline a la surprise de me voir entamer une danse frénétique, sautant d'un pied sur l'autre et gesticulant dans tous les sens. Une escadrille de taons m'a choisi pour cible ! Ils m'aiment bien ceux-là ! Le temps de chercher le produit répulsif, ils sont déjà passés à l'action. Je me demande même s'ils ne piquent pas avant de se poser ! J'en suis quitte pour de belles cloques sur les jambes et pour un grattage en règle durant les prochaines heures !
Le ruisseau des Tufs est alimenté par plusieurs petites rigoles qu'il faut franchir dans des zones marécageuses. Aujourd'hui, ce n'est pas ma journée ! Après les taons, les soucis continuent ! je mets le pieds dans un trou plein de vase et je m'enfonce jusqu'au mollet. Entraîné par le sac à dos, j'évite la chute de justesse. Me voilà propre ! La boue a sauté jusque sur mon short. Godasse, chaussette et mollet ont pris la même couleur uniforme. Il ne reste plus qu'à laver tout cela dans le ruisseau.
Revenus sur un terrain plus stable, nous continuons notre montée par un sentier peu marqué, à travers les pâturages.

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Plus haut, le torrent des Tufs a creusé une profonde combe que nous devons contourner par la droite. Le pourcentage est de suite beaucoup plus important.

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La montée se poursuit toujours aussi raide en empruntant, en partie, le lit d'un petit torrent. Après cette éprouvante grimpette, sur un sol très empierré, nous retrouvons la verdure sur une partie plus plate située au pied d'une belle ravine en forme de toboggan. Si on osait, on ferait bien une petite glissade !

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L'endroit est agréable. Nous décidons donc d'y faire notre première pause de la journée.
La vue est bien dégagée sur l'Aiguille des Glaciers et le col de la Seigne dont on devine même le cairn qui marque le sommet.
C'est décidément la journée catastrophe. Pour lire la carte, assis dans l'herbe, j'ai repris mes lunettes traditionnelles de vue après avoir posé mes lunettes de soleil sur mes genoux. Un faux mouvement et voilà ces dernières qui s'envolent, rebondissant de pierre en pierre en direction du torrent situé trois mètres plus bas. Elle vont s'arrêter juste à temps mais elles ont maintenant de belles rayures. Dommage, elle étaient toutes neuves. Je me console en me disant qu'à chaque fois que je les aurai sur le nez je ne pourrai pas faire autrement que penser au col des Fours !
Quelques nuages commencent à se former. Ce n'est pas rassurant, la météo annonce des orages pour l'après midi. Mieux vaut continuer notre route d'autant plus que nous n'avons pas encore atteint le sommet du col des Fours.
Après avoir traversé le torrent, nous grimpons le long de la ravine par un sentier caillouteux. La montée est très raide, il faut même mettre les mains pour franchir un étroit passage taillé entre les rochers.
Devant nous, se dresse la Tête Nord des Fours ( 2756 m).

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Notre effort est récompensé par une jolie vue sur les alpages des Tufs avec en arrière plan l'Aiguille des Glaciers.

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Le sentier s'oriente vers la gauche puis débouche sur le Plan des Fours (2405 m), large zone beaucoup moins pentue. Le décor est devenu plus austère. Nous sommes désormais dans la pierraille. La montée continue le long de la barre rocheuse de la Tête Sud des Fours. De temps en temps, des pierres se détachent de la falaise, mieux vaut donc s'en écarter le plus possible.
Il n'y a plus vraiment de sentier. Seuls des cairns indiquent la bonne direction.
En traversant un névé, nous croisons un couple de hollandais accompagné d'un très beau sulky. Dans la neige, il est dans son élément. Ce n'est pas trop notre cas ! La traversée n'est pourtant pas très longue mais la neige est gelée et le névé dévale la pente sur plus de cent mètres. Et voilà ce satané cabot qui vient renifler nos guiboles comme s'il voulait nous faire traverser plus vite !
L'obstacle franchit, nous continuons notre montée en nous repérant de cairn en cairn. Plus haut, çà se complique, il y des cairns dans tous les sens et le sommet n'est toujours pas en vue. Sans être trop certain d'être sur la bonne voie nous continuons de grimper en étant de plus en plus convaincu qu'en cas brouillard cet itinéraire doit être évité. De même, s'il pleut les chutes de pierres doivent être fréquentes et le terrain doit devenir vite très glissant. N'en déplaise à notre ami belge, rencontré au refuge Bonatti, le col des Fours fait bel et bien partie des endroits où la prudence est recommandée !
Enfin, après un énième cairn, le sommet est en vue.
Sur notre droite, à une cinquantaine de mètres, perchés sur des barres rocheuses, deux jeunes randonneurs nous interpellent. Ils sont, eux aussi, un peu perdus et nous demandent si la Ville des Glaciers se trouve bien dans notre direction. Après leur avoir répondu par l'affirmative, voilà nos deux gaillards qui s'élancent presque en courant en direction de la vallée. Noius leur crions de ne pas aller plus loin. Ils ne peuvent en effet, pas voir d'où ils sont, que la barre rocheuse sur laquelle ils se déplacent, se termine brusquement par une falaise de près de trente mètres. C'est une nouvelle preuve, sans visibilité, mieux vaut ne pas s'aventurer par ici !
Côté rassurant, le col est tout de même sous surveillance comme en témoigne les superbes cornes qui se détachent de la Tête Sud des Fours.

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Un névé très épais marque le sommet du col, du moins, nous le supposons parce qu'il n'y a pas le moindre panneau.

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Nous sommes à 2665 m d'altitude. Le col des Fours est donc le point culminant de notre Tour du Mont Blanc. Malheureusement, les nuages qui se sont multipliés assez vite et la brume gâchent en partie le panorama.

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Pour être déjà passé par là, il y a 3 ans, malgré l'absence de balisage, je sais qu'il faut descendre vers le sud pour rejoindre le Col de la Croix du Bonhomme. Nous commençons donc la descente prudemment sur de grandes dalles rocheuses qui doivent s'avérer très glissantes sous la pluie.

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En suivant les traces laissées par les randonneurs, nous traversons deux névés assez longs mais pas très pentus puis le sentier passe sous une importante ligne à haute tension. Les marques rouges et blanches du TMB sont à nouveau visibles.
Nous venons de parcourir la partie du TMB la moins bien balisée depuis notre départ. Il faut cependant reconnaître qu'améliorer le balisage ne doit pas être simple en raison de l'épaisseur de neige l'hiver et des glissements de terrain importants lors de la fonte, au printemps. En se montrant prudent et avec l'aide d'une carte, il est tout de même assez facile de se repérer à condition encore une fois de ne pas se trouver dans une purée de pois !

La descente vers le Col de la Croix du Bonhomme s'effectue par pallier. Le sentier est beaucoup moins rocailleux sur ce versant. L'adhérence malgré tout, reste aléatoire. Il va falloir que je songe tout de même à changer les pneus ! Mes pompes n'adhèrent plus beaucoup dès que le terrain devient friable.
Le col de la Croix du Bonhomme (2483 m) ne peut pas se louper. Un immense cairn se trouve à son sommet.
Mais depuis le temps que nous marchons, serions-nous arrivés au Tibet ! De nombreux bouts de tissus attachés sur le cairn flottent au vent. En y regardant de plus près, ce sont des drapeaux de prière. Considérés comme des porte-bonheur, si on en croit la légende, le vent qui souffle est sensé caresser au passage les formules sacrées imprimées sur les bouts de tissus. Il les disperse ainsi dans l’espace purifiant l'air, pacifiant les dieux et écartant les difficultés. A voir le souffle court, le visage rougeaud et dégoulinant de sueur de certains nombres de marcheurs arrivant au sommet, je me dis que le vent n'a pas dû souffler dans le bon sens !

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Plusieurs itinéraires permettant d'accéder à ce col, il y a beaucoup de monde à cette heure avancée de la matinée.
Sur la droite, légèrement en contre bas, nous reconnaissons le refuge où nous avions fait étape il y a 3 ans et dont nous avons gardé un très bon souvenir. Devant nous, la vue est dégagée sur les montagnes du Beaufortain avec dans le fond le barrage du Lac du Cormet de Roselend.

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Le passage au col de la Croix du Bonhomme marque le début de notre remontée vers le nord. Enfin qu'en je dis "remontée", nous allons surtout continuer de descendre pour rejoindre le col du Bonhomme. Super ! c'est le deuxième col de la matinée que nous allons atteindre sans trop d'efforts.
Un étroit passage entre les rochers débouche sur de grandes dalles rocheuses fortement inclinées puis le sentier décrit une courbe en balcon, dans l'alpage. Très vite, nous retrouvons les blocs de rochers et ce sera comme çà jusqu'au col du Bonhomme. Au milieu de ces amas de roches, nous croisons un imposant groupe de randonneurs relativement bruyants. Du moins pour les premiers, c'est étrange ! les derniers qui sont à la traîne sont beaucoup plus calmes ! Plus loin, nouvelle rencontre avec trois vététistes qui portent leur machine sur l'épaule plus qu'ils ne roulent.
Cette partie me semble beaucoup plus longue que ce que je pensais. Je l'ai pourtant déjà parcourue au moins à deux autres reprises. Jacqueline qui connait un coup de moins bien, est du même avis. Les jambes sont lourdes et le ventre est vide. L'endroit n'étant pas idéal pour pique niquer, nous poursuivons notre chemin jusqu'au col du Bonhomme. (2329 m).
Arrivés au sommet du col, un vent très frais nous contraint à différer la pause repas. Il y a bien un petit cabanon pouvant servir d'abri mais nous n'avons pas réservé et il est occupé.
Nous laissons, sur la gauche, le chemin qui rejoint la vallée du Beaufortain et entamons, à droite, la descente vers le Val Montjoie. Le moral de Jacqueline n'étant pas au beau fixe et l'étape étant encore très longue, ce sera toujours çà de moins à faire après le casse croûte.
Le sentier descend rapidement dans l'alpage de l'autre côté de la Tête Nord des Fours derrière laquelle montent des nuages de plus en plus menaçants.
Quelques centaines de mètres plus bas, une petite combe dans l'alpage, nous semble être le coin idéal pour soulager nos arpions et nous remplir le ventre.
Un peu à l'écart du sentier, nous apprécions le pique nique du Refuge des Mottets. Oeuf, tomate, pâté, petit bout de saucisson,fromage, compote, mars et gâteaux secs. Quoi demander de mieux !
Face à nous, au dessus du Col des Tufs et de la Tête de Bellaval, les nuages inspirent de moins en moins confiance. A l'unanimité, la sieste est annulée. En route pour la fin de l'étape.

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Nous commençons par descendre dans une ravine très pentue. On a le choix entre plusieurs sentiers qui se rejoignent pour atteindre une partie beaucoup plus rocailleuse. Petit jeu de piste pour trouver le bon itinéraire entre les blocs de rocher.
Il y a 3 ans, c'est ici que nous avions traversé le seul et unique névé de tout notre Tour du Mont Blanc. Cette année, les névés sont beaucoup plus nombreux mais curieusement, à cet endroit, il n'y a pas la moindre trace de neige. La montagne n'en fait qu'à sa tête et une randonnée ne ressemble jamais à une autre.

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Sortant de la rocaille, le sentier retrouve l'alpage. La pente s'adoucit pour atteindre le Plan des Dames (2043m) et son célèbre tumulus. Selon la légende, ce tumulus recouvre la dépouille d'une dame anglaise et de sa suivante, mortes au court d'une terrible tempête.

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La tradition veut que pour conjurer le mauvais sort, on y dépose une pierre. Vu la couleur du ciel du côté des Contamines, nous en déposons deux ! Cent mètres après le tumulus, une piste plus large s'enfonce dans une combe. Nous la quittons quelques mètres plus bas pour prendre, sur la gauche , un petit raccourci. Nous croisons sur ce sentier très pentu, toute une colonne de japonais et japonaises. Nous les laissons passer. Ils montent les uns derrière les autres, sans presser le pas et dans le plus grand silence. Chacun d'eux nous adresse le même petit signe de tête et nous fait le même sourire. Ils ont été faits tous dans le même moule, ils se ressemblent tous !
De retour sur la piste, la vue se dégage sur le Plan Jovet et ses verts pâturages.

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Après avoir franchi un petit torrent, sur un pont de bois, Jacqueline qui ne sent plus sa force se livre à un petit exercice de musculation. Si les jambes sont fatiguées, les bras sont encore solides !

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Quelques mètres plus bas, nous croisons un randonneur atypique. C'est un fan du bronzage. Il n'a pour vêtement qu'un minuscule maillot de bain et fait ainsi admirer à tout le monde sa musculature.
Cinq cent mètres plus loin, nous croyons rêver. Monsieur Muscle a un frère. C'est le même, même allure, même maillot de bain ! Il doit faire sacrément chaud dans la vallée ! En tout cas, avec la marque des bretelles, en voilà deux qui vont pas avoir l'air con quand ils vont poser leur sac à dos.
Poursuivant notre chemin, en longeant une grande barre rocheuse, nous entendons le bruit caractéristique des pierres qui se détachent de la paroi. Après des bonds impressionnants elles terminent leur course au bord de la piste. Des panneaux invitent les randonneurs à rester vigilants et à ne pas stationner à cet endroit. Un oeil sur la falaise, un oeil sur le sentier, nous ne nous attardons pas. Ce n'est pas le cas d'autres randonneurs qui se prennent en photos au bord du sentier. Ils n'ont pas dû lire les panneaux et ils doivent être sourds !
Nous laissons, à droite, le sentier qui monte aux Lacs Jovet, puis nous quittons la piste pour emprunter un sentier qui descend en lacet, dans l'alpage, en direction du refuge de la Balme.
Les premières gouttes de pluie font leur apparition nous obligeant, quelques mètres plus loin, à enfiler les capes. On n'a pas dû mettre assez de pierres sur le tumulus !
La descente devient de suite glissante mais en arrivant au refuge de la Balme ( 1706 m) le plus gros de l'averse est passé. Par contre, tous les sommets sont désormais dans le brouillard et au loin, gronde les premiers coups de tonnerre.
Juste en dessous du refuge, nous traversons un torrent non sans jeter un regard sur le Val Montjoie où s'enfonce la piste à perte de vue.

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Plus bas, nous croisons un peloton de vététistes. Enfin, quand je dis peloton, c'est un peloton très, très étiré. Ils sont un quinzaine et tous portent des bagages, les derniers montent à pied. Jacqueline qui fatigue de plus en plus, regarde avec envie ces VTT passer sous ses yeux en se disant que ce serait super d'en enfourcher un pour rejoindre les Contamines.
La pluie s'est transformée en bruine et sous les capes, il fait chaud. Nous les posons en arrivant aux chalets de La Role mais fausse alerte, nous devons à nouveau les enfiler en arrivant aux chalets de la Giette.
La piste descend maintenant dans la forêt de conifères de La Rollaz. J'essaie comme je peux d'encourager Jacqueline en lui disant qu'au bas de cette descente, il ne nous restera plus que du plat pour rejoindre le refuge.
Mes encouragements ne sont guère efficaces et la descente n'en fini pas. La crainte de glisser finit de la décourager.
A notre rythme, nous arrivons au Chalet hôtel du Nant Borrant (1460m) où des randonneurs en ont terminé avec leur étape du jour. Jacqueline "ne regarde pas" c'est pas notre refuge !
Encore plus bas nous franchissons le Bon Nant sur le pont romain de la Téna (1392 m). A peine le temps de regarder les gorges très encaissées du torrent et nous sommes repartis à fond la caisse....... enfin presque....!
Sur les sommets, çà tambourine dur. Il doit pas faire beau au Col du Bonhomme. Je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour nos deux gaillards en maillots de bain. Ils doivent être dans leur élément ! S'ils ne sont pas morts de froid, ils n'auront rien à faire sécher ce soir !
Enfin, la piste atteint la voie romaine dite des Rochassets. Sur ces dalles trempées et très pentues nous descendons en zig zag et finissons par atteindre la Chapelle de Notre Dame de la Gorge. (1210 m).

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Nous décidons d'y faire une pause. Non pas pour y faire une prière mais pour satisfaire un besoin naturel. Non ! pas dans la chapelle ! A côté. Alors que Jacqueline s'est éloignée, j'en profite pour vider la moitié de son sac et faire le transfert dans le mien. Elle est tellement fatiguée qu'elle ne va même pas s'en rendre compte.
Nous voilà repartis. Malgré la fatigue nous apprécions, après cette très longue descente, de pouvoir marcher sur un sol totalement plat. Il pleut toujours mais Jacqueline retrouve le moral.
Nous sommes revenus parmi la civilisation. Le sentier reste en forêt le long du Nant Borrant puis longe un parc de loisir et un plan d'eau, Quelques centaines de mètres plus loin, nous empruntons un bout de route avant de traverser le torrent et pénétrer dans un sous-bois. Nous allons suivre le Nant Borrant jusqu'à l'entrée des Contamines. Après l'avoir traversé à nouveau, nous tournons à gauche en suivant les panneaux indicateurs. Second carrefour et nouveau panneau. Le chalet CAF est enfin atteint. Ouf !

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Il est à peine plus de 16 heures mais avec l'orage, il fait déjà presque nuit.
Sur la porte principale du refuge, une affichette invite les randonneurs à entrer par l'arrière du bâtiment. Les noms des randonneurs sont affichés sur la porte avec le nom de leur dortoir. C'est dans le "Dôme de Miage" que nous sommes sensés faire de beaux rêves. Mais, en consultant les autres listes, notre nom apparaît à nouveau. Comme tout semble avoir été préparé pour éviter de déranger les responsables, nous posons nos chaussures dans le local approprié où nous mettons aussi nos capes à sécher et nous nous installons au "Dôme de Miage". Ce dortoir est en deux parties, quatre lits d'un côté et de l'autre, séparé par une cloison, six autres couchages. Nous restons dans la plus petite partie. Je part quand même d'essayer à la recherche dun responsable. C'est à l'étage que je vais trouver la gérante déjà occupée dans sa cuisine. Elle est bien ennuyée car elle a été obligée de nous séparer faute de place ce qui explique nos deux noms sur deux listes différentes. Cependant, réalisant que nous étions en couple, elle a la gentillesse de nous laisser à l'emplacement que nous avons choisi. Je dois dire que j'aurai été un peu chagriné du contraire ayant été parmi les premiers, sinon le premier à réserver dès le mois d'avril. Mise à part cet anecdote, l'accueil est chaleureux. Vite, une bonne douche va nous faire le plus grand bien !
Dehors, il pleut toujours, nous restons donc dans le dortoir et nous en profitons pour récupérer de cette longue étape.
Cette étape avec 7 h 15 de marche et 644 m de dénivelé, s'est résumée à une seule montée et à une seule descente, mais quelle montée ! et quelle descente !. Nous retiendrons de cette journée le côté sauvage du col des Fours. Nous avons eu de la chance de pouvoir profiter du panorama avant l'arrivée de l'orage. La descente nous a semblé terriblement longue surtout pour Jacqueline qui a connu aujourd'hui sa plus difficile journée. Seul petit regret, la météo a un peu gâché la fin de journée.
Nous partageons le dortoir avec deux jeunes qui font un stage de rando sur les glaciers, à 4000 m d'altitude. Ils sont en réalité trois mais le troisième a fait l'objet d'une "procédure d'expulsion" de la part de la gardienne. C'est donc lui que je remplace. Pour un peu, il couchait avec Jacqueline !
La seconde partie du dortoir est occupée par toute une famille, deux dames la cinquantaine, le fils et la bru d'une des dames et deux enfants. La grand mère est une habituée de la maison. Je me dis que c'est peut être leur arrivée non programmée qui a chamboulé la place dans les dortoirs.
C'est avec eux que nous dinerons. Enfants et petits enfants sont originaires de Saint Etienne et tous ne sont là que de passage. S'ils randonnent, c'est en voiture. Il n'y aura donc pas d'échange ce soir. La grand mère est heureuse de retrouver son fils et sa petite famille, le temps d'une soirée. Nous sommes gênés d'être mêlé à ces retrouvailles et à ces conversations intimes. Que faire dans ces conditions si ce n'est que manger !
Le repas est très correct. Salade avec des tomates, poulet, couscous, fromage et crème brulée. Le tout servi de main de maitre par la gérante des lieux qui tient cependant à se faire respecter. Une dame qui fait partie d'un groupe Cairn qui doit débuter le TMB le lendemain, va en faire les frais. Notre hôte ayant rappelé en début de repas que le petit déjeuner était à 7 h et non pas 7 h 5, la dame a eu la mauvaise idée de vouloir plaisanter ce qui laissait sous entendre qu'après le départ des randonneurs notre hôte n'avait pas grand chose à faire. La plaisanterie est très mal passée. Du coup le génépi a aussi failli nous passer sous le nez. La présence de la petite famille nous a certainement sauvé la mise. L'énorme bonbonne a fait le tour des tables, y compris, mais encore plus à regret, de la table de l'auteur de la plaisanterie. Faut toujours faire attention à ce qu'on dit...... surtout si on a soif !
Avant de regagner le dortoir, je vais faire un tour à l'extérieur. Il ne pleut plus. La vue se dégage peu à peu sur les sommets environnants et notamment vers les Contamines où plus très loin maintenant, il m'a semblé apercevoir la banderole d'arrivée....serait-ce le génépi !

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Extinction des feux à 21 h.

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